// Février 2020 //
Séville > Grenade > Cordoue.
Dix jours à la découverte de l’Andalousie à la période idéale du début du printemps : on veut notre dose de vieilles pierres, de soleil et de tortilla. Anda.
Séville
A peine plus d’une petite heure et demie de vol (largement suffisant pour moi), et hop : nous voici arrivés à Séville. Pour rallier le centre-ville, le bus s’attrape à gauche en sortant de l’aéroport. Si, comme nous, tu as oublié de retirer du liquide (noob style), un monsieur muni d’un terminal CB te permettra d’acheter ton ticket à 4€/personne. Direction Plaza de Armas en 25 minutes environ, puis une dizaine de minutes à pied pour rejoindre notre Air BnB.
Dans la plupart des quartiers, on trouve des ruelles avec des balcons noirs vernis qui tranchent sur l’ocre ou le rouge mat des murs. Très fleuris, leur dessous est également décoré de faïence. Au coin des rues, de petits autels et des prières sur des plaques de faïence, encore.
La quasi-totalité des habitations réunit deux caractéristiques : un toit-terrasse qui fait office de pièce supplémentaire (si tu veux voir quelques open data sur les températures et la pluviométrie en Andalousie) et les moucharabiehs de style plus ou moins contemporain au rez-de-chaussée.
Un détail capital pour décrire Séville : les rues embaument la fleur d’oranger !
Les orangers sont très présents dans la ville : au nombre de quarante-deux mille, ils produisent des oranges amères destinées à l’export (les espagnols n’aiment pas ces oranges, elles partent directement au Royaume-Uni pour y être transformées en marmelade). Mais le parfum qu’ils dégagent au moment de la floraison est incomparable, c’est comme déambuler dans une corne de gazelle.
À présent, balade à travers les différents quartiers de la ville.
Alfalfa
Notre première visite est celle de l’Université. Située dans l’ancienne Fabrique Royale de tabac, on se croirait à Poudlard. Cette fac arrive juste après celle de Vienne dans le classement des universités les plus cool.
Au sein même de l’Université, on trouve une galerie de statues grecques. Ah, c’est l’occasion d’un point cul-ture.
Le saviez-tu ? A l’Antiquité, le petit zizi symbolise le triomphe des vertus morales sur notre « animalité ». Plus petit est l’attribut de la statue, plus grande et forte est la valeur morale et intellectuelle de son propriétaire.
Tu vois, quand on te dit que ce n’est pas la taille qui compte.
Dans un style complètement différent, direction le Metropol Parasol (aka Las Setas : les champignons en VF) qui culmine à vingt-huit mètres de hauteur depuis 2011.
Si la construction de ce monument très contemporain n’a pas enchanté les sévillans – d’où son surnom peu flatteur – ils l’ont finalement accepté. C’est aujourd’hui le monument le plus photographié de la ville (ah bah normal, il est hyper instagrammable), et sa fonction de lieu de vie est désormais assez ancrée : le sous-sol abrite un marché, divers commerces peuplent le rez-de-chaussée, et l’esplanade apporte une grande zone d’ombre fort appréciable dès le printemps.
On peut se balader sur sa structure de bois et béton pour 5€/personne ; le billet donne également accès aux vestiges romains découverts dans les sols lors de la construction.
Barrio Triana
C’est l’ancien quartier des marins de la ville.
Une petite balade le long du Guadalquivir nous fait passer devant la Torre del Oro pour rejoindre le parc Maria Luisa et découvrir quelques pavillons de l’Exposition Universelle de 1929.
L’extérieur du Musée des arts et coutumes est superbe.
Barrio del Porvenir
Épicentre du quartier, la majestueuse Plaza de Espana dont on pourrait imaginer qu’elle est là depuis des siècles.
Que nenni ! Elle a été construite à l’occasion de la première Exposition Universelle accueillie à Séville en 1929.
Attention, info Cahiers du cinéma : la place d’Espagne a servi au tournage de L’Attaque des Clones (on te le met en version locale).
On notera donc qu’à cette période de l’année, en fin de journée, on peut se promener tranquilou sur Naboo. Pour ma part, j’ai pu faire le tour de la place sous les arcades quasiment solo pendant que Jo mitraillait sévère les détails architecturaux : mosaïques, faïences et plafonds de bois sculpté.
Seule incongruité : à la nuit tombée, la fontaine centrale s’illumine de couleurs changeantes. Bleu, vert, rouge… ambiance disco cheap, c’est ultra dommage.
A noter : le soir, la place et ses multiples niches de faïence sert aussi bien de spot à apéro que de salle de sport à ciel ouvert, accueillant nombre d’adeptes de running ou de crossfit.
Barrio Macarena
Depuis notre appartement, nous partons à pied direction le quartier de Macarena en empruntant notamment la très longue rue San Luis. On y trouve des petits commerces dans leur jus, notamment ceux dans lesquels s’achètent les tenues traditionnelles pour les processions.
Nous découvrons de l’extérieur la très belle église San Luis, et faisons un tour dans l’église Santa Marina qui abrite une magnifique vierge toute de noir vêtue.
En même temps qu’un groupe d’ados italiens, visiblement plus intéressés par la narration de qui a pécho qui la veille, que par les anecdotes historiques dont les abreuve leur prof.
Au bout de la rue San Luis, la porte Macarena voisine avec les vestiges des remparts, et sa voisine la basilique Santa Macarena.
En face, le parlement andalou, ancien hôpital de la ville, qui date du 18ème siècle.
Quelques centaines de mètres plus loin, la découverte Sciences et vie junior du séjour : la Torre de los Perdigones et sa camera oscura !
Tout ne démarre pourtant pas sous les meilleurs auspices : nous n’avons toujours pas retiré de liquide (damn) et les 5€ de l’entrée ne peuvent se régler qu’en espèces. Qu’à cela ne tienne : le gardien interpelle le serveur du café d’à côté qui embarque Jo pour aller régler en CB au bar et rendre l’équivalent en monnaie au gardien.
Deuxième étape : je me rends compte qu’on ne peut atteindre le sommet de la tour (quarante-trois mètres) qu’en ascenseur, il n’y a pas d’escalier. Je t’ai déjà dit que j’étais claustro ? Dans mon podium de l’enfer, l’ascenseur arrive juste après l’avion (et avant les toutes petites salles de ciné).
Ma tentative de désistement n’a pas tenu face à Jo, un poil agacé de s’être tapé une demi-heure de rando urbaine pour arriver là. Et heureusement : sur la terrasse, le point de vue panoramique sur la ville est superbe, et surtout, surtout, la démo de la camera oscura !
Le dispositif consiste en une sorte de périscope qui dépasse de la tour et peut s’orienter à 360° ; par un jeu de réflexion sur des miroirs et à travers une lentille, l’image est projetée sur un écran concave en plâtre à l’intérieur de la tour. La mise au point se fait en levant et en abaissant cet écran.
Si tu veux une explication scientifique détaillée, c’est là. Le résultat est incroyable : la précision de l’image est stupéfiante, on peut distinguer avec précision les plaques d’immatriculation des voitures qui circulent dix kilomètres à la ronde !
Le gardien est un puits de savoir sur l’histoire de la ville, c’est un bonheur (le nombre d’orangers dans la ville, cherche pas : on le tient de lui). Nous étions quatre seulement, et il a tenu à nous traduire en français toutes les explications qu’il donnait en anglais aux deux autres touristes. Il est intarissable sur les détails et anecdotes historiques, il est passionné par ce qu’il explique : les églises au nombre de cent cinq dans la vieille ville, l’évolution des noms arabes de la ville (d’Isbiliya à Shbilya à Sevilla) et du fleuve (d’Al-wādi al-kabīr au Guadalquivir), les différents pavillons construits pour la seconde Exposition Universelle accueillie à Séville en 1992 et leur utilisation désormais… Vraiment, un coup de cœur que l’on ne saurait que trop te conseiller.
Si tu y vas, un abrazo de notre part au gardien que j’imagine bien s’appeler Ramón, tiens.
Alameda
Alameda est le quartier alternativo-bobo de Séville.
Dans la calle Castellar notamment, on trouve quelques fresques, des résidences d’artistes (ose un coup d’oeil curieux dans les patios pour découvrir des endroits étonnants), et nombre de bars à bières artisanales.
Santa Cruz (centre historique)
Le monument le plus emblématique de la ville est sans conteste le Real Alcázar de Séville. Pour éviter des heures d’attente, il est prudent d’acheter son billet (11,50€/ personne) sur le net en avance.
Sur place, prévoir une bonne demi-journée : pour te donner un ordre d’idée, nous y sommes entrés à 10h, ressortis à 14h30. L’audio-guide n’est pas essentiel car peu complet, un peu de documentation en amont ne nuit pas.
Le Real Alcázar a été construit par les Omeyyades, et ses modifications successives au cours des siècles par les familles régnantes musulmanes et chrétiennes en font un exemple remarquable d’architecture mudéjar, un style qui résulte de l’application aux édifices chrétiens ou juifs de techniques et de matériaux musulmans.
Les arcs polylobés, les arcs à muqarnas (« arcs à stalactites » ou en nid d’abeille), les sebkas (réseaux d’arcs entrelacés) et les motifs des fresques en sont des éléments typiques, qu’on retrouve dans certaines églises ou à la synagogue de Cordoue. Les dorures sont également très présentes.
L’Alcázar se compose de plusieurs parties distinctes, dont le bâtiment de la Casa de Contratación qui contrôlait tout le commerce des Indes espagnoles et faisait également office d’institut scientifique de recueil des cartes et classification des peuples autochtones découverts lors des expéditions.
Dans le palais à proprement parler, le rez de chaussée est un vrai dédale, destiné à fournir un chemin sûr au monarque pour prendre la poudre d’escampette. Les petits passages sinueux permettent d’accéder à plusieurs pièces et patios : patio de las Muñecas, patio de las Doncellas, salon de los Embajadores, cuarto del Príncipe, Alcoba real…
Au premier étage, le palais gothique est assez différent, bien plus classique.
Les immenses jardins apportent une fraîcheur appréciable : de nombreux arbres parmi lesquels des palmiers endémiques, des orangers et des citronniers chargés de fruits, mais aussi des pavillons, des fontaines et alcôves… et des paons pas farouches !
Certains endroits font penser au jardin Majorelle, avec des tons ocres et bleus et la végétation assez semblable : de quoi inspirer les artistes qui viennent nombreux le croquer.
Globalement, on est pas mal transporté au Maroc et il est difficile de quitter ce lieu merveilleux.
Autre monument emblématique du quartier historique : la Catedral de Santa María de la Sede. Mauvais calculs sur le planning, nous avons loupé le dernier créneau d’entrée pour visiter la Cathédrale.
Pour nous remettre de ce gros fail, il nous a fallu un petit goûter : allez, une glace pour ma part, et pour Jo, inconditionnel du gâteau light, une part conséquente de tarte noix/crème /chocolat.
Hors de question de rester sur un échec (#teamMonica), nous partons tenter une visite assez confidentielle : la Casa des Las Juderias.
Il s’agit d’un hôtel chicos construit autour d’un réseau de petites maisons traditionnelles sévillanes et de leurs patios. Le blog dans lequel j’ai trouvé ce plan indique qu’il suffit de se présenter à la réception et de demander à visiter les patios. Nous n’étions pas hyper-sûrs de la faisabilité du truc, mais bingo ! Jolie petite visite à la fraîche.
C’était l’une de mes requêtes initiales : notre séjour sévillan se conclut par un spectacle de flamenco à la Casa del Flamenco, recommandée par Eugenia, professeur de flamenco à Toulouse.
Sur le trajet, nous faisons une halte dans une église illuminée dans laquelle vient de se terminer un office : nuage d’encens et tout le monde sur son 31, un début de soirée inhabituel ! Nous croisons également une procession dans une rue étroite : la semaine sainte se prépare.
Le spectacle : Pepe de Pura et El Galli au chant, El Perla à la guitare, Lola Jaramillo et El Nano à la danse.
Un travail hyper précis de frappés de pointe ou de talon, de glissés, de fouettés, de translation de poids du corps. Le corps sert de percussion aux danseurs.
Pour la danseuse, le travail avec le châle est assez proche du travail de voile en danse orientale ; on retrouve aussi un tour similaire au barrel turn. Le danseur se sert de sa veste comme accessoire dans le même esprit.
Les deux déchaînent le tonnerre en frappant le sol avec leurs pieds et entrent dans une frénésie proche de la transe : c’est le fameux duende. Le spectacle est trop court (une heure, c’est déjà énorme au vu de l’investissement physique des danseurs) et vient clore à merveille cette première étape andalouse.
(Evidemment, depuis, je ne rêve que d’entamer mon apprentissage du flamenco.)
Pour la suite des aventures, nous prenons le bus direction Grenade à la Plaza de Armas.
En nous éloignant, de la ville, petit aperçu de la Sierra Nevada à peine saupoudrée de neige.
Grenade
Notre hôtel est, disons… dans son jus et fréquenté par une clientèle interlope. Bon point tout de même : notre chambre au dernier étage nous permet facilement d’accéder au toit-terrasse pour un pique-nique nocturne. En doudoune, c’est le mois de février tout de même.
Première impression, en comparaison avec Séville : il y a davantage de touristes et la ville semble un peu moins bien entretenue.
Une particularité intéressante : dans les rues, nous remarquons des containers destinés à la collecte des huiles de cuisine usagées en vue de les recycler. Idée top.
Albaicín
Le quartier de l’Albaicín, construit et habité à l’origine par les maçons bâtisseurs de la ville de Grenade, s’étend sur une colline. Bordées de maisons blanches, ses petites rues étroites et fort pentues sont inaccessibles aux voitures pour la plupart : c’est donc un quartier assez agréable à découvrir.
On y trouve notamment el Bañuelo, les anciens bains publics de Grenade. Datant du 11ème siècle, ce sont les plus vieux bains de toute l’Andalousie et les mieux conservés. L’entrée coûte 2,50€ par personne et est gratuite le dimanche. Pour les trouver, ouvrez l’oeil car l’entrée n’est pas facile à repérer : elle se trouve juste avant l’entrée de la Carrera del Darro, sur la gauche.
Au sommet de la colline de l’Albaicín, le mirador San Nicolas offre une vue panoramique sur la ville et sur la Sierra Nevada. Spot à touristes bien évidemment, mais il existe une alternative sympa : immédiatement voisin du mirador, le jardin de la mosquée offre de l’ombre, du frais, bien moins de monde, et une vue presque aussi dégagée sur la ville.
À la lecture de différentes sources, j’attendais beaucoup du souk Alcaicería, à l’origine grand marché de soie mauresque et décrit par plusieurs blogueurs voyageurs comme un souk à l’ambiance authentique. J’espérais retrouver les odeurs, les couleurs et l’ambiance des souks marocains… quelle déception ! Les mêmes souvenirs cheap made in China dans chaque échoppe (bim, allitération en -ch) et des touristes qui semblent suivre un circuit guidé.
Même déception pour les salons de thé de la calle Caldeira Nueva, décrits comme de merveilleux pays de Cocagne : des attrape-touristes avec mauvais thé et ersatz de makrout au menu.
Fuyez, pauvres fous.
Sacromonte
Accolé à l’Albaicín, le quartier gitan de Sacromonte est connu pour ses habitations troglodytes : les cuevas, creusées à flanc de colline, dont certaines accueillent le soir venu concerts et spectacles de flamenco.
De l’extérieur, le blanc immaculé des murs et les cours fleuries bordent le Camino de Sacromonte, la route sinueuse qui grimpe jusqu’en haut de la colline (on a été forfait avant).
Realejo
Toute autre ambiance dans le Realejo, ancien quartier juif de la ville : nous nous sommes lancés dans la chasse aux œuvres street art d’El Niño, célèbre artiste andalou.
L’occasion aussi d’assister à une tranche de vie incongrue : l’entraînement pré-processions religieuses de la Semana Santa. Dans une rue en pente, nous avons vu émerger d’un portail un équipage assez surprenant : le char de procession, lesté de parpaings pour simuler la charge, porté par un escadron de costauds au pas réglé en cadence. #crossfitsanto
Centro
Au coeur du centre historique, la cathédrale de l’Incarnación et son style Renaissance. Nous ne l’avons pas visitée, en revanche nous y avons passé un super moment en venant manger sur le pouce, au soleil sur ses marches : l’espace d’une heure, son parvis s’est transformé en parquet géant de lindy-hop !
Tu t’en doutes : j’ai eu toutes les peines du monde à retenir Jo, possédé comme d’habitude par le démon de la danse.
Toujours dans le centre, l’incontournable de Grenade, c’est évidemment l’Alhambra. Bon plan : la première visite du matin, à 8h30, permet d’éviter l’affluence et de profiter de la visite dans de meilleures conditions.
Si – comme nous – tu as acheté tes billets en avance sur le net, tu peux directement aller en case « Palais Nazaries » sans passer par la case « accueil ». Tu éviteras ainsi – pas comme nous, il suffisait pourtant de lire – toute la montée à pied dès potron minet.
Sur place, compter une bonne demi-journée : nous avons passé cinq heures à l’Alhambra pour visiter les palais et les jardins (au détour desquels nous sommes tombés sur un shooting de mode avec une mannequin absolument odieuse avec son pauvre assistant, mais sérieux bouffe-les tes escarpins).
Après deux jours et demi sur place, nous attrapons le bus à la gare routière, et laissons derrière nous Grenade sans trop de regrets.
C’est parti pour la dernière étape du voyage : Cordoue.
Cordoue
Pour rejoindre notre hôtel (au top), une vingtaine de minutes à pied depuis la gare dans des ruelles semblables à celles de Séville : mêmes balcons, mêmes faïences, mêmes moucharabiehs.
Détail Tom-Tom : dans le centre, toutes les rues portent deux noms. Celui qui figure sur la plaque de faïence décorée semble être l’ancien nom, tandis que celui qui est inscrit en plus grand correspond à ceux que l’on retrouve sur les plans actuels de la ville.
Nous avons trouvé la ville beaucoup plus agréable que Grenade, avec moins de monde et des couleurs ocre magnifiques sous le soleil, aux différentes heures de la journée.
Petite curiosité locale : nous avons croisé de nombreux groupes d’écoliers dans les rues ou en sortie de classe, et la plupart d’entre eux porte l’uniforme. Pour les filles d’une même école, la longueur de la jupe semble négociable.
Juderia
La Judería est le centre historique de la ville, son coeur est la sublime Mezquita. Basilique, puis mosquée, puis cathédrale, ce monument est unique et absolument indescriptible : je me tais et laisse les photos de Jo parler d’elles-mêmes.
Ok, c’est faux, je sais pas faire ça.
Palmiers, orangers, fontaine, minaret : le jardin de la Mezquita est un havre de sérénité dans lequel on peut se balader dans des créneaux horaires plus larges.
Une fois passées les portes de bois sculpté, on peut apercevoir, sous le pavement et à travers des plaques vitrées, quelques unes des pierres de la basilique wisigothe Saint Vincent Martyr du 6ème siècle. Non mais tu réalises ?
On peut ensuite déambuler dans l’immense nef et découvrir les témoignages de son passé de mosquée (du 8ème au 12ème siècle, à l’époque la plus grande du monde après celle de La Mecque, décidément c’est la compèt’) : le mihrab, le dôme, les huit-cents soixante-cinq colonnes en marbre et les arcs outrepassés cohabitent avec les chapelles, l’orgue et les fresques catholiques (l’édifice est officiellement un lieu de culte catholique depuis 1236). Une exposition permanente permet de découvrir des témoignages du passé : des briques gravées de la signature des ouvriers qui ont contribué à la construction, le mécanisme d’horloge original…
Nous avons eu de la chance, en fin de journée les abords de la Mezquita étaient quasiment déserts, terrain de jeu idéal pour Jo.
Alerte bon plan : l’entrée de la Mezquita coûte 11€ / personne. Mais ! Hormis les jours de célébration religieuse indiqués sur le site, du lundi au samedi de 8h30 à 9h20, la visite est gratuite. C’est un peu court, mais si vous avez la chance de profiter d’un petit concert d’orgue en bonus, c’est un moment que vous n’oublierez pas.
Restons dans les édifices religieux. La synagogue n’est pas facile à trouver en se fiant aux plans, mais elle mérite de se donner un peu de peine. De style mudéjar, elle est l’une des trois seules synagogues espagnoles conservées, datant d’avant l’expulsion des juifs en 1492.
Elle est entourée de petites ruelles et du marché artisanal municipal, au sein d’un espace plus vaste ceint des anciens remparts et de la porte de Séville.
Instant Instagram : la calle de las Flores, décor de carte postale, offre une vue fleurie sur la Mezquita. Privilégiez les premières heures de la matinée pour éviter de vous noyer dans une mer de touristes. Genre comme ça, là.
Jolie, mais pas ouf non plus : la plaza Tendillas de laquelle des artères commerçantes partent en étoile.
Trop cool : au détour de la calle Alfonso XIII, le portier du Circulo Réal de la Amistad nous voit regarder la jolie façade et nous interpelle depuis l’autre côté de la rue pour nous proposer de visiter l’intérieur. Patio, galeries, escalier majestueux et mobilier luxueux… déjà bien soufflés, nous nous apprêtions à repartir mais le monsieur nous avait réservé une petite surprise pour la fin : la salle de réception, bling-bling à souhait (Drake et sa maison en marbre peuvent se rhabiller). Elle était installée ce jour-là pour accueillir le séminaire d’une banque, et un des techniciens était préposé à la re-dorure des chaises, bombe en main.
Muchas gracias, une belle découverte en mode visite privative.
San Basilio
Le point le plus remarquable du quartier San Basilio est l’Alcázar (l’Alcázar de Cordoue, hein, pas l’Alcázar de Séville. Tu suis un peu, oui?)
Nous y étions entre midi et deux, avec assez peu de monde. La visite des magnifiques jardins fleuris et de leurs bassins occupés par des gangs de gros poissons et la vue sur la ville depuis les tours valent le détour (rime riche).
Dans les vestiges de l’époque romaine, une multitude de chats se chauffe le ventre au soleil, parfaitement fondus dans le décor.
Autre point d’intérêt du quartier repéré au préalable : le tour des patios fleuris de la calle San Basilio. L’entrée payante nous a dissuadés ; nous n’avons pas regretté puisque dans cette même rue, nous sommes entrés par hasard dans le patio de l’Association des amis des patios de Cordoue. Un seul patio certes, mais hyper fleuri ; l’entrée est gratuite avec la possibilité de faire une donation pour contribuer à son entretien.
Miraflores
Le quartier de Miraflores est situé de l’autre côté du Guadalquivir. Nous l’avons traversé en amont pour passer par le parc Miraflores et arriver au pied de la tour de la Calahorra, destinée à l’origine à protéger le Puente Romano qui permet de traverser le fleuve pour arriver direct à la Mezquita.
Les couleurs de la fin de journée sont dingues.
San Pedro
En chemin pour la place de la Corredera, nous jetons un coup d’oeil aux ruines du temple romain de Cordoue et à ses colonnes corinthiennes. Un projet de valorisation semble en cours.
La place de la Corredera est immense : il s’agit de la seule grande place rectangulaire andalouse, elle a servi à tout types de réunions, du marché aux exécutions. Les habitations qui l’entourent (qui l’encadrent, du coup) sont toutes munies du traditionnel store andalou : un rideau artisanalement tressé en sparte ou alfa – une plante endémique – et tendu par-dessus le balcon, qui permet de protéger le logement de la chaleur. On le retrouve un peu partout dans la ville et globalement en Andalousie.
Au gré d’une balade le long de la calle San Fernando, nous découvrons plusieurs ruelles et jolies placettes, notamment la calle Compas de San Francisco avec ses orangers, sa fontaine et l’église San Francisco.
Cette dernière fait partie des églises de la Ruta des las Fernandinas, une succession d’églises dont la visite est payante ; néanmoins, le gardien était tellement absorbé par son téléphone qu’en étant silencieux comme des Sioux, on a pu jeter un coup d’oeil depuis l’entrée.
Pour repartir, nous reprenons le TGV de Cordoue à Séville (environ 45mn au milieu d’un groupe de seniors disséminés dans tout le wagon mais bien décidés à discuter ensemble malgré la distance, j’en ai encore des acouphènes).
Descente du train à Santa Justa pour récupérer la navette vers l’aéroport, et fin du voyage.
Un voyage d’autant plus particulier qu’il a été suivi de près par le confinement. Au moment où nous étions en Andalousie, on en parlait encore assez peu en Europe, les premiers clusters apparaissaient en Italie.
L’instant TripAdvisor : les bons plans
Séville
Des tapas à Taberna Aguilas dans le quartier de l’Université : serveur hyper sympa, grand choix de tapas et de formats, et on s’en tire avec une note très raisonnable : 18€ pour quatre tapas, un verre de vin rouge et deux bières.
Un déjeuner tapas (encore) au Bar Alfalfa, pas loin de la cathédrale. On goûte le fameux salmorejo, ay ! La playlist est sympa et il y a surtout des espagnols, bon signe. Autre indice de la qualité de la maison : les jambons ont leur petite coupelle à gras comme à la Prosciutteria ! Note raisonnable aussi : 26€ pour une bière, une eau gazeuse, 3 tapas et 1 plato (une assiette, la taille au-dessus).
Un verre et des tapas (toujours) au Hoops and dreams, bar à bière préalablement repéré, situé à proximité de la Alameda de Hercules. Jo a testé deux bières locales : la Tandem double IPA de Peninsula Cyclic et la Five session IPA de Garage Soma, validées les deux. De mon côté, je tente un verre de Burro Loco de Castilla y Leon (bof) et un verre de Luna XIII du Rioja (top). Les tapas sont moyennes et ultra frites (ce qui n’empêchera pas Jo de conclure par un dessert crème / biscuit / chocolat blanc, léger).
Grenade
Un apéro à la Esquina de Juante, des tapas sont offertes avec les consos. Le café est situé sur la mignonne placette Santo Domingo, face à l’église et la statue de Fray Luis de Granada. Jo teste la bière Alhambra especial : mouaif (je cite).
Pour un midi, tapas et bocadillos copieux et très bons au Café Bar la Esquina, un café bar à l’ancienne fréquenté par un gang d’abuelos.
Pour le goûter, un stop au Dulce Angel (calle Carril del Picón, pas loin de la Esquina) repéré le premier jour par Jo pour goûter les piononos et quelques pâtisseries orientales. Pour ta culture : le pionono n’est pas un petit animal mignon mais une petite douceur composée d’une tranche de génoise enroulée en cylindre et surmontée de crème.
Pour une soirée au top : chez Poe ! 18€ pour deux bières, deux verres de Rioja et quatre tapas (+ quatre gratuites, qui viennent avec les verres). Tu feras gaffe quand même, higado ça veut dire foie (rhoo, ça va, j’ai été dupée par la terminaison qui laisse croire à un participe passé, et donc à une manière d’accomoder la bête, c’est fourbe, aussi, hein).
Cordoue
Pour un repas sur le pouce, direction le food court du Mercado Victoria. Notre choix n’était pas le meilleur a priori : le stand Bocaito Andaluz propose une cuisine orientale… vraiment pas top. Le houmous et les falafels étaient corrects (j’ai de hauts standards d’exigence là-dessus, #passionfalafel), les boureks et les pitas étaient franchement mauvais.
Pour un verre au calme, le Munda dans une ruelle déserte.
Pour un vrai repas quand tu satures des tapas (c’est possible, ça ?), direction La Cuarta. Leur salmorejo est très bon ; Jo a goûté le très local rabo de toro (un peu comme une daube mais plus fort, puisqu’il s’agit de queue de taureau). Le Rioja a été proclamé vin officiel du trip, mais leur habitude de le servir légèrement frais est déconcertante.
Pour un petit déj de champion, file à Sabor Moreno : pour 4€/personne c’est 1 café ou thé + 1 jus d’orange pressé frais + 1 monstro-chocolatine. En vitrine, on a repéré des gâteaux énormes, triple crème / chocolat / Kinder, mais il était un peu tôt pour risquer l’hyperglycémie.
Typique de Cordoue : le cordobes, sorte de croustade à la courge confite. Hyper sucré mais bon !
Pour un dernier apéro andalou, go au Califa : ils brassent la bière locale éponyme (validée par Jo) et proposent une carte immense de bières étrangères, à siphonner avec un énorme sandwich au pastrami.
L’actu Runtastic
Au moment de notre passage, Séville était envahie de joggers – dont un sacré paquet de Français – car quelques jours après se tenait le marathon de la ville.
Cette foule fluo a donné lieu au jeu du jogger : 3 points pour le repérage d’un jogger en jaune fluo, 2 points pour toute autre couleur fluo, et possibilité de bonus en cas de tenue remarquable du type short particulièrement moulax, crop-top masculin, coupe-vent métallisé…
Le jeu a toutefois vite tourné court tellement la ville en était envahie.
La playlist du voyage
Séville
- Evidemment la Macarena qu’on a eu dans la tête toute la matinée qu’on a passée dans le quartier éponyme (est-ce qu’une partie de l’équipe a fait la choré dans la rue ? Mmh, possible.)
- Boys and girls (Blur) et Celebrity skin (Hole) au Bar Alfalfa
- Lucha por su dinero (Pitingo) dans le bus qui quittait Séville (ah, parfois Shazam pleure des larmes de sang)
Grenade
- Fadhel Chaker au salon de thé pour touristes (oui, j’en suis encore chonchon)
- Ain’t no mountain high (Marvin Gaye et Tammi Terrell) chez Poe
- Les classiques du lindy-hop pendant l’open floor devant la cathédrale
Cordoue
- Nada que anadir (Arnau Griso) au Mercado Victoria
- Hallelujah (celle de Jeff Buckley), jouée par absolument tous les chanteurs de rue, de parvis de cathédrales et monuments (en version guitare devant la cathédrale de Grenade, violon devant l’Alhambra et piano devant la Mezquita)
Que ramener dans ton shopping bag, Martine ?
Les artisans andalous sont réputés pour leur travail du cuir, ceux de Cordoue travaillent en plus l’argent en filigrane, ce qui donne de très beaux bijoux.
Hors cochonneries pour touristes, on trouve évidemment de magnifiques éventails (de 50 à plus de 200€), des châles de soie brodés, et bien sûr de superbes robes de flamenco, rhaaaa, sortez-moi de cette boutique.
[…] Mention peut mieux faire sur le choix des éclairages aux couleurs superfétatoires (remember la fontaine de la plaza de Espana à Séville) : le rouge donne un air trop dramatique au château alors que le bleu glacier l’affadit. Le blanc […]