Nasdrovia !

// Avril 2019 //

À la découverte de la plus occidentale des métropoles russes : Saint Pétersbourg (à sa fondation en 1703 par Pierre le Grand) aka Petrograd (de 1914 à 1924, quand le germanisme n’était plus trop tendance) aka Leningrad (de 1924 à 1991, devine pourquoi), aka Saint Pétersbourg à nouveau (depuis 1991 et suite à un référendum au cours duquel les citoyens ont exprimé leur souhait de lui réattribuer son nom historique).

Enfile ta chapka, on y va !

Depuis Toulouse, Lufthansa propose un Toulouse – Francfort – St Pétersbourg. Au total, 4h20 de vol. Au programme, une lecture judicieusement sélectionnée : La disparition de Josef Mengele. Idéal si comme moi tu es aviophobe, c’est vraiment le bouquin idéal pour te détendre et te changer les idées avec un récit léger et sympatoche, #VendrediLecture.

Après avoir atterri sans encombre et en toute décontraction (Ha. Ha. Ha.), dépôt des bagages au VOX Hôtel puis premier aperçu de l’architecture et de l’urbanisme russes. On est carrément ailleurs, entre larges avenues rectilignes (pensées notamment pour accueillir les défilés et parades militaires), bâtiments imposants et innombrables câbles électriques.

À St Pétersbourg existent encore des kommunalka, des appartements communautaires partagés par une ou plusieurs familles et mis à disposition gratuitement par le régime soviétique. Après sa chute, une vague de privatisation a été enclenchée et contre un prix très modéré, les familles ont pu en devenir propriétaires.

Quelques observations en circulant dans le centre-ville :

  • on trouve peu de panneaux publicitaires et d’enseignes lumineuses, les projections sur le trottoir sont privilégiées. Plutôt bien pour limiter la pollution visuelle.
  • Les mamies russes, coquettes et bien couvertes, marchent par paire ! Quant aux papys russes… (hu hu hu, tu l’as ?)
  • les gens descendent à la cool en pyj – claquettes pour fumer dans leur cour intérieure, le nez collé sur leur téléphone. Tranquilou Bilou.

Nevski prospekt et le triangle d’or

Comme son nom l’indique, il s’agit de la zone de la ville dans laquelle se concentrent les principaux sites et monuments touristiques. Elle est délimitée sur un côté par Nevski prospekt, l’axe principal de la ville. Nous consacrerons un peu plus de deux journées à cette zone de la ville, mais il y a moyen d’y passer bien plus de temps.

Au coeur du triangle d’or, L’Ermitage, regroupant plusieurs bâtiments des XVIIIe et XIXe siècles, parmi lesquels notamment le Palais d’Hiver, autrefois résidence principale des empereurs de Russie. Ce musée immense et labyrinthique est l’un des trois plus grands musées d’art du monde. Pour te donner une idée, il arrive en deuxième position derrière le Louvre et précède le Musée national de Chine, le MET et les Musées du Vatican (booom).

Il recèle tellement de trésors – plus de seize mille toiles exposées, soit la plus grande collection au monde de peintures – qu’il est quasi impossible de tout voir en une seule fois, d’autant que nous avions seulement 4h devant nous. Nous avons donc composé notre visite selon des préférences toutes personnelles, et en fonction du temps dont nous disposions.

Alerte bon plan : le mercredi et le vendredi, le musée ferme à 21h. Y aller en fin de journée permet d’éviter la foule, jusqu’à finir la visite quasiment seuls – voire seuls dans certaines pièces (… un peu flippant, si si). L’occasion rêvée pour – tradition de voyage oblige – esquisser quelques pas de danse : une série de déboulés improvisés dans les appartements impériaux. Standing ovation virtuelle (et regard interloqué de la gardienne de la salle d’à côté.).

Pour ma part, coup de coeur pour les collections égyptiennes, grecques et romaines, la reconstitution des appartements impériaux, la salle du trône et la salle des cavaliers. Pour Jo, plutôt focus sur l’architecture du bâtiment, ses lignes et ses escaliers.

Le détail lolcat : l’Ermitage dispose de sa célèbre unité féline, destinée à faire régner la terreur parmi les rats amateurs d’art (tout ceci étant officialisé par un décret impérial de 1714, c(h)arrément).

Un premier trajet en métro plus tard, soirée au Co-op Garage. Peu visible depuis la rue, il faut pousser un grand portail noir pour arriver dans cette cour intérieure arty. Plats sympas et cocktails délicieux (vodka finlandaise avec aloe vera et basilic frais), addition raisonnable : 1529 roubles pour deux cocktails, deux plats et un dessert, soit environ 20 euros (puisque 1 euro = environ 70 roubles).

Le premier matin – ne pas oublier de mettre son réveil à l’heure russe, il y a 1h de décalage à cette période de l’année – découverte du p’tit déj à la russe. Plutôt salé et consistant :

  • du porridge,
  • des blinis (mais qui ne ressemblent pas à ce que l’on nomme « blini » en France, c’est plutôt semblable à nos crêpes, en diamètre et en épaisseur,
  • du suluguni, fromage saumuré géorgien très légèrement aigre, proche de la mozza mais plus ferme, et servi en tranches fines (j’en bave encore),
  • de la charcuterie : jambon, salami, saucisses,
  • des féculents : des pommes de terre et même des pâtes !

On te laisse imaginer la taille (et le nombre) des assiettes de petit déj de Jo, que tu sais ne pas être impressionné par une monstrueuse part de cheesecake dès potron minet – cf le Café Capitale à Bruxelles.

Il suffit de descendre Nevski pour apercevoir quelques bijoux cachés : une magnifique petite église arménienne d’un bleu éclatant, la galerie Gostiny Dvor à l’architecture intéressante – mais tout de même moins belle que la galerie Umberto 1er à Naples – ainsi que les points d’intérêt majeurs de la ville.

La plus « typiquement russe » dans notre représentation occidentale : la cathédrale St Sauveur sur le Sang Versé, assez semblable à la basilique trônant sur la Place Rouge à Moscou. Absolument magnifique, malgré les travaux de rénovation ayant conduit à l’empapillottement de sa flèche.

À l’intérieur, sept mille mètres carrés de mosaïques dorées (ah oui le style orthodoxe, c’est bling-bling) lui confèrent un éclat incomparable.

Pour se remettre de nos émotions, direction le café Singer (à prononcer en français, le bâtiment appartenait bien au groupe de machines à coudre) pour déjeuner. Il est situé au dernier étage de Dom Knigi, la « maison du livre », plus grande librairie de la ville. Au top du top de la chance, une table s’est libérée tout pile poil à notre arrivée : déjeuner juste devant la vitre, avec une vue plongeante sur Nevski et la cathédrale de Kazan.

Au menu : des pelmeni à la viande (raviolis russes avec une farce 100% vegan : boeuf, agneau et porc) et leurs cousins ukrainiens les vareniki aux pommes de terre et champignons, le tout à déguster nappé de sour cream. Ah, et un énorme sacher cake (pas russe mais méga validé). Fail du jour pour Jo qui, en aventurier de la bière, teste toujours les locales : tu le sauras, la Port Arthur, c’est un cappuccino.

À la découverte ensuite de Notre Dame de Kazan : très belle et surprenante de l’extérieur, elle se veut construite sur le modèle de St Pierre du Vatican (les colonnades à l’extérieur, toussa toussa). À l’intérieur, beaucoup d’encens et une atmosphère très pieuse avec une file d’attente pour aller embrasser l’icône éponyme, certains font même le chemin à genoux.

De manière générale, les russes croisés dans les églises semblent très pieux, en tout cas très recueillis. Ils prient puis embrassent les icônes embossées et dorées, et y appuient leur front avant de se signer plusieurs fois. Quasiment toutes les femmes entrent tête couverte, et il est demandé aux touristes de faire de même dans de nombreuses églises.

Ah, détail pratique : tous les offices se déroulent debout pour les fidèles, il n’y a pas de bancs (impossible de piquer du nez en douce, donc).

À proximité immédiate se niche le théâtre Alexandrinski, plus ancien théâtre dramatique de Russie. Il clôt la rue Rossi, dite « rue aux proportions parfaites » : 22m de large x 22 m de haut x 220m de long.

St Pétersbourg est sillonnée de plusieurs canaux qu’il est possible de parcourir en bateau. C’est LE truc de touristes, mais franchement c’est le bonheur de se blottir sous un plaid pour un tour d’une heure !

La balade permet de découvrir les monuments sous un autre angle ainsi que les nombreux ponts remarquables : le pont de la Banque dont des griffons surveillent l’entrée, le pont Lomonossov et ses quatre tourelles doriques, le pont Anitchov et ses statues équestres…

Là encore, gros coup de chance : à cette période de l’année, les canaux n’ont généralement pas encore dégelé et il est donc impossible d’y naviguer. (Coup de chance… potentiellement induit par le réchauffement climatique. Joie à modérer, donc.). Le tour nous a coûté 800 roubles par personne et nous avons attrapé le bateau juste devant la cathédrale St Sauveur, mais il existe de nombreux points d’embarquement dans la zone.

Dans le quartier, de quoi passer une bonne soirée.

Démarrage à l’Apotheke Bar : spot à cocktails classieux équipé d’un bar circulaire en bois (qui ne colle pas, quel bonheur) à l’intérieur duquel officient deux barmen en costume, génies du mix. Ils composent des cocktails sur mesure en fonction de tes préférences : quel alcool de base, plutôt sucré, acide, amer… ? Le résultat est toujours top (tellement top qu’on y est revenus une deuxième soirée), et les prix très abordables : 2000 roubles pour quatre cocktails.

Après ça, repas au restaurant géorgien Suliko. Mes quelques craintes face à la violoniste dans l’entrée et aux menus avec photos (authenticité ? ahem) se sont dissipées face aux délicieuses assiettes de viande mijotée.

Au sud-ouest de Nevski

Ô rage ! Ô désespoir ! Le fail ultime de ce voyage, c’est de n’avoir pas pu réserver à temps nos billets pour aller voir un ballet au théâtre Mariinski, temple du ballet classique.

Instant le saviez-tu ? C’est la taille et la forme particulière de la scène du Mariinski (bâti sur un cirque) qui sont à l’origine d’une évolution dans la création chorégraphique et l’occupation scénique dans le ballet classique. C’est au XIXe que le Mariinski impulse la création du ballet « à la russe » – il en sera d’ailleurs la référence mondiale – et même si cette période représente l’âge d’or de la compagnie, elle reste aujourd’hui mondialement connue et admirée.

J’ai eu la chance de les voir sur scène à deux reprises à Toulouse, et les voir au Mariinski aurait été grandiose. Pas de chance, nous n’avons pas pu anticiper l’achat des places… qui ont fini par atteindre le prix de 590 euros. Tu as bien lu. Passionnée mais pas millionnaire, j’ai dû me résoudre à tirer un trait sur le projet. Nous l’avons donc vu de l’extérieur uniquement.

Quelques rues plus loin, nous découvrons la cathédrale St Nicolas des Marins. Les couleurs de son extérieur (le bleu de la mer et le blanc de l’écume, et toujours ces coupoles dorées qui brillent au moindre rayon de soleil) sont remarquables. Elle est vraiment superbe mais peu « visitable » : la majeure partie de son intérieur est réservée au culte. Une armée de petites dames s’affaire, comme dans de nombreuses églises que nous avons visitées, à la maintenir impeccable : nettoyer les restes de bougies, lustrer les boiseries, faire briller les dorures… (tiens, si j’osais…).

C’est l’une des rares églises qui a toujours continué à fonctionner, même à l’époque du blocus et des campagnes anticléricales soviétiques. Elle est considérée comme l’église du peuple et accueille toujours de nombreux mariages.

Un autre des joyaux de ce quartier est la célèbre cathédrale St Isaac. Très belle et imposante avec ses coupoles dorées, nous n’en avons pas visité l’intérieur mais sommes montés jusqu’à sa première coupole à quarante-trois mètres de hauteur moyennant 200 roubles.

Deux cents quarante-deux marches, ça fait les mollets mais ça en vaut la peine : de là-haut, une très belle vue à 360° à peine gâchée par une forêt de téléphones et de tablettes en mode selfie. On peut aussi apercevoir quelques dorures à l’intérieur au travers des vitres.

Au nord-est et sud-est de Nevski, entre la Fontanka et la Neva

Après avoir longé les canaux pendant 45 minutes et aperçu ses fameuses coupoles bleues étoilées entre les bâtiments, arrivée devant la cathédrale de la Sainte Trinité (son nom complet : cathédrale de la Sainte-Trinité-du-Régiment-de-la-Garde-Izmaïlovski, parce que du temps de l’Empire russe chaque régiment disposait de son église ou de sa cathédrale).

Désaffectée pendant la période soviétique, elle a notamment servi d’entrepôt aux décors du théâtre Mariinski (qui s’appelait le théâtre Kirov à l’époque… tu suis toujours ?), a survécu à un incendie en 2006, a été restaurée et est aujourd’hui à nouveau superbe. Sa façade blanche contraste à merveille avec le bleu des coupoles saupoudrées d’étoiles.

Info Closer : c’est ici qu’a été célébré le mariage de Dostoïevski en 1867.

Deux salles, deux ambiances : dans un tout autre style, la cathédrale Smolny-de-la-Résurrection. Elle ressemble un peu à St Nicolas des Marins, toute de bleu pastel et blanc. Actuellement en cours de rénovation, l’odeur de peinture est assez intenable dans la première partie de l’escalier permettant d’accéder à sa coupole moyennant 150 roubles.

Il faut ensuite emprunter un petit passage tortueux dans les combles pour accéder à une dernière longue passerelle métallique. Mention spéciale à la plaque de tôle située juste au-dessus de la voûte, qui émet un « clong » retentissant lorsque l’on doit poser le pied dessus. Petit arrêt cardiaque OKLM.

Juste quand nous sortions, le sonneur de cloches – souvent installées sur le parvis – est entré en action : sacrée maîtrise du dosage de la force nécessaire pour la faire tinter à l’aller mais pas au retour. Ça vaut tout le crossfit du monde.

Pour le déjeuner, direction Pirozhkovaya, charmant boui-boui spécialisé dans les piroshki authentiques. Clientèle russe uniquement, pas l’ombre d’un (autre) touriste à l’horizon, et côté menu… bah pas de menu justement, rien que des petites étiquettes d’écolier en cyrillique.

Les piroshkis, ce sont de petits pains – parfois frits – fourrés à à peu près tout : légumes et/ou viande en version salée, fruits en version sucrée. Aucun des membres du personnel ne parlant anglais et étant assez peu téméraires quant à piocher au hasard (ma crainte était de tomber sur les versions « viande », après avoir constaté en plusieurs endroits une forte appétence locale pour la salade de langue de boeuf), l’affaire s’avérait complexe pour Jo, envoyé en mission kamikaze à la commande.

C’était sans compter sur la mobilisation de la clientèle, interpellée par la dame de la caisse. Nous avons eu la chance de voir venir à la rescousse successivement deux clients qui nous ont conseillés et servi d’interprètes. Coeur avec les mains, les amis, méga spassiba.

Régalade donc, de piroshkis salés à la viande (bon, on n’a pas su déterminer laquelle), à la saucisse, aux carottes. Les piroshkis salés se dégustent accompagnés d’une pointe de moutarde forte et surtout généreusement trempés dans la sour cream, tuerie.

Et parce qu’on n’est pas des petits joueurs, piroshkis aux raisins pour le dessert ! Le tout arrosé d’un verre de jus de cranberry : apparemment une spécialité russe, mais avec une saveur un peu terreuse que l’on ne lui connaît généralement pas. Je me suis demandée si ça n’était pas un mix avec de la betterave ? Le mystère demeure, notre traducteur étant parti avant de pouvoir le questionner.

Malgré les récriminations de Jo, je tenais ensuite à visiter le mémorial du blocus, le Monument aux défenseurs héroïques de Léningrad. Attends, ça mérite de commencer par le récit de notre aventure pour l’atteindre.

Le mémorial se compose d’un monument posé au centre d’un immense rond-point à cinq voies, et de salles situées sous le rond-point. Problème : comment y accéder ? Après avoir entrepris un long, très long tour dudit rond-point, force a été de constater qu’aucune voie d’accès piétonne n’était prévue (spoiler : si, juste derrière notre point de départ).

Deux options dès lors : renoncer (ah ça, jamais)… ou traverser les voies à pied. En courant. En courant comme jamais t’as couru, avec la perspective de gros 4×4 et d’autobus fous – tout le monde roule à toute blinde – arrivant en décalé par toutes les voies. Hahaha, quel excellent souvenir.

Flashback sur le programme d’histoire du lycée : entre 1941 et 1943, blocus de la ville par les troupes nazies. La population s’est trouvée encerclée, coupée du monde, soumise à des conditions climatiques extrêmes (plus d’électricité, plus de chauffage par -40° en hiver ces années-là), affamée, sans ressources… mais n’a jamais cessé de lutter. Les étudiants continuaient à aller à l’université, le public se rendait dans les rares salles de spectacles encore ouvertes, et les forces armées luttaient sans relâche.

On estime à près d’un million le nombre de morts au cours du blocus, qui dura neuf cents jours et neuf cents nuits jusqu’au 27 janvier 1944. Les St Pétersbourgeois perpétuent encore vivement le souvenir de cet événement tragique.

Dans le mémorial, neuf cents lanternes représentent ces neuf cents jours et des bruits réguliers représentent le bruit des obus qui se sont abattus incessamment sur la ville. Différents objets d’époque sont visibles, et un film d’images d’archives achève de te saisir aux tripes.

Pour nous remettre d’aplomb, nous voici partis à la recherche d’Etagi Loft Project (ou Loft-Project Etazhi selon les transcriptions). Le principe : un espace assez inclassable composé de galeries d’art, de salles d’exposition, d’espaces de coworking, d’innombrables petites échoppes de créateurs arty-trendy, de corners de cuisine du monde, et d’un rooftop. Le tout ayant investi les trois mille mètres carrés d’une ancienne boulangerie, sur… de nombreux étages, on a vite arrêté de compter. Hipsterland, un peu comme RAW Temple à Berlin ou NDSM à Amsterdam.

Des produits aux expos, tout est assez conceptuel. L’une des expos en cours permettait de caresser un kawai petit renard, pelotonné sur son canapé. Euh ?

Si les terrasses des étages intermédiaires sont déjà super sympa, le hot spot de l’endroit est sans conteste son roof top. Accessible pour 100 roubles / personne, c’est the place to be pour venir admirer le coucher de soleil sur les toits de la ville. Le tout accompagné d’un cocktail un peu chelou servi dans de grandes marmites : jus de grenade + rhum, servi très chaud. C’est à la fois pas très bon, comme un médicament, mais aussi assez addictif (ah, le pouvoir du rhum). Et si ça ne te dit rien, tu peux aussi apporter tes bières et ta pizza et t’installer là pour toute la soirée. L’été, il y a en outre une programmation de concerts et d’animations assez sympa et parfois kid-friendly.

En redescendant de notre roof top avec la fringale (ah, le pouvoir du rhum), étape au rez-de-chaussée au Yuva Café, fusion asiatique : vietnamien, thaï, indonésien. Rien n’est écrit en lettres latines, tout en cyrillique, mais il y a des photos (et c’est cool parce que la serveuse, qui parlait anglais, n’avait absolument pas envie de nous traduire quoi que ce soit, elle avait hâte de retourner à sa partie de Candy Crush) (ou sur Tinder ?) (Tinderski, en version locale ?)

Test d’une bière locale par Jo : l’Ingria IA, brassée à St Pétersbourg même, est validée.

L’île Petrogradskaya

Sitôt sortis de la station de métro Gorkovskaya en forme de vaisseau spatial, nous avons démarré par la visite de la mosquée : magnifique, recouverte de mosaïques bleues, méga waow. L’entrée n’est pas réservée aux fidèles, le rez-de-chaussée où se trouve l’espace de prière des hommes est accessible aux touristes -hors temps de prière et tête couverte pour les femmes – même si l’espace de culte est délimité. Immense, elle peut accueillir cinq mille personnes et ses minarets mesurent quarante-huit mètres de hauteur.

Elle a longtemps été la plus grande mosquée d’Europe ; elle aussi a été fermée au culte et a servi d’entrepôt pendant la Seconde Guerre Mondiale.

En longeant la Neva – confirmée 100% frisquette à cette période, trempage de bout des doigts à l’appui – arrivée au croiseur Aurora. Symbole historique, c’est à son bord que fut donné le signal de la Révolution d’Octobre 1917. Il est amarré depuis 1948, dans un état impeccable, et peut se visiter, l’intérieur étant converti en musée.

Il suffit ensuite d’emprunter un petit pont pour arriver sur l’île à proprement parler. Également appelée Île aux lièvres, cette île est à la base de St Pétersbourg : autour de la forteresse bâtie par Pierre le Grand se sont peu à peu développées les constructions, jusqu’à former une ville selon sa volonté. Le centre-ville a plus tard été déplacé, l’île restant dévolue à l’activité militaire et au redoutable bastion Troubetskoï, prison politique lugubre…

L’île est assez envahie de monde, de touristes étrangers et russes ; c’est la partie de la ville que nous avons le moins aimée, aussi nous avons un peu écourté la visite, le temps tout de même de découvrir :

  • la cathédrale Saints Pierre et Paul où sont enterrés une grande partie des empereurs russes. Le jaune vif de sa façade et l’or de ses coupoles se détachent magnifiquement sur le ciel très bleu ce jour-là (je venais de lire Barbe bleue d’Amélie Nothomb, ça m’a renvoyée au passage sur le mariage de la couleur jaune et de l’or).
  • une animation ambiance Castors juniors, à base de tir de fusées artisanales équipées de petits parachutes (la conquête spatiale russe reste une fierté)
  • des gens en train de bronzer en zlip de bain sur les berges de la Neva, oui oui.

Retour par Kronverkski prospekt, promenade familiale longeant la Neva. Aux abords du zoo, incroyable, des types portent dans leurs bras des lémuriens avec de petits vêtements. Passée la première réaction (« Hiiiii, des lémuriens, ils sont trop mignons, j’aimerais tellement avoir un lémurien, dis, dis, on peut avoir un lémurien, j’aimerais tellement avoir un lémurien, steuplé steuplé steuplé« ), prise de conscience : wait… des lémuriens ? En Russie ?

Le retour au centre-ville se fait en empruntant successivement les ponts Birzhevoy et Dvortsovy (attention au vent glacial), qui offrent une vue imprenable sur l’arrière de l’Ermitage à l’arrivée. Ils font partie des ponts basculants de la ville: ils restent ouverts la nuit, gare à ne pas se retrouver coincé du mauvais côté.

C’est dans le triangle d’or que nous passerons notre dernière soirée, débutée par un repas au restaurant Gogol : décor kitch, bonne cuisine (bof le sorbet à la baie d’argousier de Sibérie mais top le vin géorgien et le boeuf Stroganov) et franche rigolade avec notre serveuse Lisa.

Conclusion magique devant la cathédrale St Sauveur sur le Sang Versé, éclairée et au parvis désert ! On en a profité pour s’asseoir sur les pavés (gelés, pas la même ambiance qu’à Rome) et savourer le moment.

Fin de ces cinq jours sur le front russe.

Do svidaniya, St Pétersbourg, y’a moyen qu’on revienne te voir.

Quelques regrets par manque de temps ou problème de planning / calendrier :

  • ne pas avoir visité le palais et les jardins de Peterhof (visite prévue dans notre planning le lundi… jour de fermeture hebdomadaire. Bien joué, moi.) ;
  • être arrivés juste avant la période très particulière des nuits blanches : dix-huit heures de jour et six heures de nuit, de fin mai à fin juillet avec un pic du phénomène lors des trois dernières semaines de juin ;
  • et être repartis juste avant le Dance Open Ballet festival (festival annuel et international de danse classique), qui débutait le lendemain de notre départ.

Le focus matrioshka

Les enfants russes ne jouent plus avec depuis longtemps, mais elles restent le symbole de la Russie pour les touristes. Pour essayer d’en trouver des plus jolies, moins chères (et moins made in China) que dans les boutiques de souvenirs de Nevski, la petite échoppe Matreshka Tanushka dans le marché couvert Kuznechny. On y trouve plusieurs gammes de prix et les vendeurs sont très agréables, pas avares d’explications sur la fabrication de ces poupées traditionnelles.

Et la vodka alors ?

À noter pour les souvenirs : elle est globalement moins chère en supermarché qu’au duty-free. On trouve toutes les gammes de prix, la première commençant aux environs de 150 roubles… Ouais, celle-là elle doit attaquer vénèr.

Du coup, c’est aussi l’occasion de fureter dans les rayons pour voir les produits du quotidien et leurs packagings (certains produits ont une image très « soviétique », cf le rayon du lait)

Le point fashion police

Incroyable mais vrai : gros retour en hype de la doudoune métallisée, mais bien bien métallisée hein. Cette découverte a donné lieu au jeu de la doudoune tout au long du séjour : une dorée = trois points ; une argentée = deux points ; une bronze ou tout autre coloris métallisé = un point. Le premier qui en repérait une devait prononcer de manière intelligible les mots « doudoune, doudoune » et la montrer à son concurrent. Aucune doudoune non visible par l’autre concurrent n’était acceptée.

Le jeu s’est soldé par une écrasante victoire de ma part : soixante-dix à vingt. Tout s’est joué sur l’ultime doudoune, valorisée à trente points : KO final dans le bus qui nous ramenait à l’aéroport. Fatality.

(Ceci malgré d’incessantes tentatives de tricherie de Jo basées sur des doudounes vaguement satinées, voire même de scandaleuses obstructions visuelles dans la rue. Honteux.)

Zoom sur les transports

La ville est étendue mais assez facile à parcourir, les rues et les avenues étant plutôt rectilignes. Nous avons privilégié ce mode de déplacement pour découvrir les quartiers que nous traversions (tout de même entre douze et vingt-et-un kilomètres parcourus chaque jour, bam).

Attention, les passages piétons sont la plupart du temps à deux « voies », chacune ayant un sens de circulation matérialisé par des flèches au sol. Si tu ne les vois pas immédiatement, tu le comprendras sans peine après quelques vigoureux coups d’épaule (aïe).

Autres options :

Le métro, très pratique et pas cher, il fonctionne avec des jetons (45 roubles) à acheter aux caisses automatiques ou aux guichets. Toutes les stations sont équipées de portiques de détection à l’entrée (idem dans les gares).

Attention aux stations « hub » (croisement de plusieurs lignes) dont le nom varie en fonction de la ligne. Par exemple : les lignes 1 et 3 se croisent en une station qui s’appelle Ploshad Vosstaniya sur la ligne 1 mais aussi Mayakovskaya sur la ligne 3. C’est bien la même station, mais le nom de l’arrêt n’est pas le même selon la ligne dans laquelle vous vous trouvez.

Pas de panique, en réalité, c’est très simple à visualiser sur le plan du métro, il n’y a que cinq lignes. Quelques stations sont très belles et les escalators pour y descendre sont interminables : le métro de St Pétersbourg compte parmi les plus profonds au monde, environ quatre-vingts mètres sous la terre.

Les tramways : pas de ticket à acheter en amont, c’est le contrôleur qui circule à bord qui badge les cartes d’abonnement et vend les tickets.

Anecdote : nous nous sommes aperçus une fois à bord que nous n’avions plus assez de monnaie pour acheter nos deux tickets (40 roubles le trajet) (bien joué), et la contrôleuse ne parlait pas un mot d’anglais. Grâce à l’intervention d’une passagère improvisée interprète, nous en avons payé un en espèces et la contrôleuse a embarqué la CB pour aller jusqu’à l’avant du bus bondé (euh… ? Ah.). Finalement, la machine ne fonctionnait pas : pas grave, elle nous a fait cadeau d’un trajet.

Désavantage pour les trams : ils se retrouvent vite coincés dans les bouchons du centre-ville en fin de journée (quinze minutes à la fin du trajet pour faire deux-cents mètres).

Les bus et les taxis, que nous n’avons pas testés.

Alerte pollution

La ville est assez polluée, on le sent parfois sur les avenues et on le voit : on croise régulièrement des personnes portant des masques, on repère des façades grisées et les lacets blancs de Jo sont devenus gris en deux jours (le drame).

En revanche, c’est extrêmement propre : pas un papier, pas une crotte de chien ni un mégot par terre.

Le travail, c’est la santé (?)

Il y a une multitude de petits boulots qui n’existent pas ou plus chez nous, dont une partie est occupée par des personnes assez âgées : surveillance de toutes les salles de l’Ermitage, entretien des églises (il est très possible que ceux-ci soient bénévoles), entretien de la voirie. Les moins âgés sont aussi au taff : surveillance au bas des escalators du métro (on n’a toujours pas bien compris en quoi consistait le job), guides touristiques, personnages en costumes historiques proposant plus ou moins lourdement aux touristes de se prendre en photo avec eux…

St Pétersbourg vit beaucoup du tourisme, le salaire moyen y est plus élevé qu’ailleurs en Russie.

Money, money, money

Pour éviter de changer de l’argent, Jo-les-bons-tuyaux nous a trouvé un super plan : la carte Max. Hop, copié-collé straight outta the web : « Vous partez souvent à l’étranger et payez inutilement des commissions de change ? Grâce à la carte Max, vous serez plus serein lors de vos déplacements à l’étranger. Lors de vos paiements et retraits, aucune commission n’est perçue par Max, y compris hors zone euro. New York, Tokyo ou Sydney… emportez votre carte Max, partout, avec vous ! »

Ultra utile à St Pétersbourg, où on peut tout payer en CB même les toutes petites sommes (ils utilisent également beaucoup le sans contact). Un super plan pour les métropoles, probablement moins adapté aux petites villes.

La playlist du voyage

10 Comments

  1. […] globale du lieu fait penser à RAW Temple à Berlin ou au Coop Garage à St Pétersbourg, avec des bonnes bières, des cocktails sympa et l’inévitable guirlande lumineuse […]

  2. […] Kaiser François Joseph, puis celle de Goethe à la sortie du côté de l’opéra national. La malédiction du Mariinski se poursuit, aucune représentation n’était programmée durant notre séjour, pause estivale oblige. Quel […]

  3. […] bien mangé : pour J, les halusky (= les nodekli de Budapest, lien) et pour moi, les pirohy (= les pelmenyi de St Pétersbourg) à déguster avec de la sour cream ; les deux garnis de bryndza, […]

  4. […] La foule et la météo tropicale ce jour-là ne nous ont pas laissé une impression très agréable, un peu comme à l’île Petrogradskaya à St Pétersbourg. […]

  5. […] (du 8ème au 12ème siècle, à l’époque la plus grande du monde après celle de La Mecque, décidément c’est la compèt’) : le mihrab, le dôme, les huit-cents soixante-cinq colonnes en marbre et les arcs outrepassés […]

  6. 11 janvier 2021

    Greate share and thanks for this helpfoul content . hope to see more from you . Sheela Ozzie Brady

  7. 29 janvier 2021

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