C’est Marseille, bébé

// Août 2021 //

Marseille > St Gréoux les Bains > Avignon

Été de pandémie, acte II scène I : c’est reparti pour un road trip estival français, en attendant de pouvoir reprendre les voyages pour de bon.

Cette année, nous jetons notre dévolu sur « l’autre » Sud : le Sud-est. En route pour la Provence !

Marseille

Nos toutes premières vacances ensemble – hum, ça date – s’étaient déroulées à La Ciotat avec une escale marseillaise d’une journée sur le retour. Nous avions tous les deux envie d’y revenir, aussi cette fois-ci nous avions programmé cinq jours dans la cité phocéenne.

Notre hébergement : un appartement loué à quelqu’un qui connaît quelqu’un…. Bref : il est top, très fonctionnel et incroyablement situé à l’entrée du parc des Calanques.

Nous avions d’ailleurs prévu d’y randonner dès le lendemain de notre arrivée mais ce coquin de sort en a décidé autrement : avec un mistral entre 80 et 100 km/h et une chaleur écrasante, le parc était fermé pour cause de risque d’incendie. Trop de chance : il a rouvert ensuite, il nous a donc suffi d’inverser un peu notre planning.

Notre Dame de la Garde

Nous avons donc commencé par une visite à Notre-Dame de la Garde. Après avoir longé la fameuse corniche et ses kékés en voiture sans permis, nous avons choisi d’y accéder par l’escalier qui monte – un peu raide – à travers le jardin du Bois Sacré, traversé depuis le Moyen-Âge par de multiples pèlerinages et processions.

Une fois les 160m de la colline gravis (te moque pas, avec le cagnard d’enfer et le mistral, c’est sportif), la basilique est là, à la fois très imposante mais hyper sereine aussi. Il faut prendre le temps de se poser face à la mer pour profiter de la vue et des reflets du soleil. En faisant gaffe de ne pas s’envoler, quel zef ! Nous avons suivi un moment le ballet de canadairs qui allaient se ravitailler direct dans la baie au-dessous pour éteindre un départ d’incendie. Impressionnant.

En pleine saison touristique, bien sûr, la basilique est assez envahie. La visite de l’intérieur n’est pas des plus agréables, nous avons donc assez rapidement battu en retraite sur les terrasses, ceintes d’innombrables ex-voto. La Bonne Mère y est remerciée pour une réussite à un examen, pour une guérison, un amour retrouvé, et pour beaucoup de retours d’Algérie dans les années 60.

À noter : les grilles donnant sur l’accès par le Bois ferment à 17h45 ! Si comme nous, tu n’as pas fait attention à l’heure et que tu es garé en contrebas de ce côté-là, il faut prendre la sortie « officielle », puis le début du chemin qui contourne, et à mi-parcours tu pourras récupérer facilement le chemin initial.

En ce qui nous concerne, on a évité une mort certaine grâce à un « monsieur tourisme » qui a entendu le plan ourdi par Jo, incluant une semi-varappe, « Mais si, t’inquiète, de toutes façons y’a pas d’autre possibilité ! »

Ah, tu le sais, Jo est le pro des plans garantis sans risque : un périple piéton au départ de la gare de Naples la nuit en claquettes et sans batterie, une traversée de rond-point à cinq voies en courant comme jaja à St Pétersbourg

Quartier Pointe Rouge

Notre logement étant un peu excentré, pour rejoindre la ville au matin du deuxième jour, nous choisissons une alternative trop cool : la navette Pointe Rouge – Vieux Port. Bon, c’est pas le  « Féri-Bôate »  du capitaine Escartefigue, mais c’est trop cool quand même. Enfin…

Tu te souviens que le mistral souffle fort ?

À notre arrivée à l’embarcadère, nous sommes accueillis par le capitaine de l’une des deux navettes qui circulent ce jour-là. Il nous met très clairement en garde contre les conditions de la traversée : « Votre sécurité sera assurée, mais pas votre bien-être. Ça secoue vraiment, donc vous ne montez que si vous faites confiance à votre estomac et que vous n’avez pas peur. Une fois en route, je ne ferai pas demi-tour. Pour le moment, nous continuons les traversées, mais il est possible que ce soit le dernier trajet pour aujourd’hui. »

Son ton hyper sérieux en fait sourire quelques uns au début, mais au fur et à mesure, les sourires s’effacent. Au point que certains font demi-tour et préfèrent finalement l’option « bus ». Pour notre part, hardis moussaillons, souquez ferme, nous choisissons d’embarquer malgré tout.

HÉ BEN ON N’A PAS REGRETTÉ !!!

La traversée a été dantesque ! On a pris des creux immenses, le bateau a tangué dans tous les sens, le capitaine alternant entre moteurs poussés à fond pour surfer sur les crêtes, et arrêt total en cas de trop grand creux. Le trajet a duré une bonne demi-heure au lieu des vingt minutes max prévues (probablement la demi-heure la plus longue de toute la vie de Jo, qui a le pied marin mais l’estomac un peu moins), le temps de se demander à deux ou trois reprises si ça pouvait se retourner, un bateau comme ça ?

Heureusement, tout s’est bien terminé (et surtout : personne n’a vomi, ma terreur absolue quand on prend un bateau.

Une fois le pied remis à terre, direction les incontournables.

Quartier du Panier

C’est dans ce quartier voisin du Vieux-Port que se trouvent de nombreux incontournables. La cathédrale Sainte-Marie-Majeure, dite La Major, dont la façade rayée rappelle un peu celle du Duomo florentin.

À l’intérieur, une crèche provençale immense et son armée de santons attirent tous les regards.

Populaire, le quartier du Panier est l’endroit rêvé pour se perdre dans ses ruelles étroites et typiques (j’utilise la formule consacrée mais en réalité, je déteste errer sans direction définie ; il faut toute la patience de Jo pour m’apprendre à « me perdre » dans un quartier.)

Ambiance street art, graff et collages. Autant te dire qu’on a tout arpenté en long, en large et en travers.

C’est dans ce quartier que nous testons notre premier resto marseillais, le Marafiki. Un sketch ! À notre arrivée, la patronne et son mari s’engueulent fort peu discrètement à l’intérieur. Elle arrive ensuite sur la terrasse pour déclamer les plats à voix très haute pour que les trois dernières fournées d’arrivants en profitent. Pendant que nous attendons indéfiniment notre plat, Hakim et Roman, les serveurs, se font engueuler en boucle. Du coup, stress, du coup, chute de plateau. Du coup, nouvelle engueulade.

Les plats finissent par arriver : la blague ! Refroidie par la description de la salade Wakafiki (« Ah, c’est une salade surprise ! ») (ok, donc c’est une salade aux restes), j’ai choisi autre chose.

Bon.

Ma « salade italienne et sa vinaigrette maison » est en réalité une laitue molle assaisonnée au vinaigre et sur/sous laquelle se cachent deux tranchettes de jambon de chez Métro, trois tomates cerises et trois boulettes de mozza dure. Pour Jo, pas mieux, trois crevettes trempouillent dans de l’avocat écrasé.

On n’a pas insisté pour les desserts, hein, on a juste demandé l’addition (complètement emmêlée, Roman s’était planté de table et de plats, il a donc pris une nouvelle avoinée). En vrai, c’était tellement énorme qu’on en a ri.

Quartier Noailles

Nous en avons surtout arpenté le Cours Julien (le « Cours Ju » pour les locaux, askip), plutôt en cours de boboïsation avec salons de tattoo, bars gluten free et autres friperies revisitées.

Je me permets d’y signaler un super bon glacier, Ego, qui vend ses glaces au poids.

Haha, le piège absolu, comme la pizza à Florence.

Quartier St Charles

Un lieu qui mérite le détour : la Friche de la Belle de Mai, située dans un quartier initialement ouvrier et organisé en majeure partie autour de la manufacture de tabac de la Seita.

À la fermeture en 1990, la transformation de cette friche industrielle a permis au quartier de se reconvertir et de devenir un vrai pôle culturel. Historiquement, la culture avait été délaissée à Marseille, concentrée sur ses activités portuaires et commerçantes alors que la voisine et rivale Aix-en-Provence en était le fer de lance. C’est à la fin des années 80 et notamment grâce à ce projet de la Belle de Mai que la culture – et le budget municipal associé – est désormais bien plus développée.

Cette structure accueille un incubateur, des artistes en résidence, un espace de coworking, un plateau extérieur de danse, un skatepark, des salles de concert, un studio, des jardins partagés, un restaurant, un café, une crèche, une librairie, des salles d’exposition (nous y avons vu Autobahn, une réflexion sur l’immuabilité de l’autoroute et les mutations des mobilités)… On peut y passer la journée entière, facile !

Quartier Sainte Anne

Parmi les incontournables de Marseille : la Cité Radieuse du Corbusier. Les logements sont occupés mais les 3ème et 4ème étages se visitent. Ils comprennent des galeries, une librairie, une salle des fêtes commune pour les habitants…

Le toit se visite aussi (c’est le 9ème étage : on y accède en partie par l’escalier, puis à la fin par l’ascenseur qui couine, argh).

Il accueille une salle d’exposition (nous y avons vu Oïkos Logos, une expo de ZEVS sur la pollution galopante), et permet de profiter d’une vue à 360 sur la ville (et le stade Vélodrome) et la mer, par-dessus la balustrade et via de petites encoches dans le béton, comme des meurtrières.

Vieux-Port

Outre le Vieux-Port lui-même, c’est là que se trouve le Mucem. Nous n’avons pas profité des expos, contraints par le temps, et avons préféré nous balader sur la terrasse.

Le bâtiment en lui-même vaut le détour. Franchement, trop de chance à ceux qui occupent les bureaux situés côté mer et pourvus de grandes baies vitrées !

Quartier de la Joliette

Les Docks, anciens entrepôts hébergeant aujourd’hui des bureaux et commerces, sont quasi déserts en matinée, en semaine : nous n’étions donc pas esquichés. Esqui…?

Allez, c’est cadeau, petit lexique du quotidien.

Les Goudes

Nous y sommes allés en soirée et y avons testé un resto aussi opposé que possible au Marafiki !

Le Grand Bar des Goudes que nous avons choisi un peu au hasard : top. C’est hyper bon, le serveur est très sympa sans être relou, les produits sont frais.

Jo, aventurier de l’extrême pour la nourriture (le mec mange des foies de poulet, comme ça, paf !), opte pour une bourride – ça ressemble à une bouillabaisse, avec moins de sortes de poissons – et je me régale d’une daurade grillée.

Nous en rentrons en longeant la côte : c’est visiblement le spot pour pécho le soir.Tout le long de la rambarde, des voitures arrêtées, l’avant vers la route : c’est la technique marseillaise du galochage dans le coffre ouvert face à la mer !

Tu le sais, le timing était un peu contraint au vu des conditions climatiques, mais nous avons pu découvrir deux calanques.

Calanque de Sormiou

Accessible en voiture (mais c’est moins sympa), ou à très facilement à pied : route ou chemin, choisis selon l’état de tes chevilles.

Pour ne pas reproduire notre erreur de newbies lors du premier séjour (rando improvisée dans les calanques, à midi, avec une demi-bouteille d’eau pour deux et rien à manger, NICKEL), on avait tout misé sur l’équipement. Bon.

Clairement, on était overdressed avec notre tenue de rando complète quand les marseillais y vont en claquettes (-chaussettes, TMTC) et glacière dans les bras. On a même eu droit à un « Hé, c’est des Anglais ! »

Arrivés pile poil à la bonne heure pour trouver encore un mètre carré disponible pour étendre nos serviettes, nous avons alterné entre bronzage et brasses dans une eau à 17 degrés seulement : ouais ça pique un peu à l’entrée, mais après on y est bien bien bien !

Pour le pique-nique, nous avons marché quelques pas supplémentaires pour trouver un peu d’ombre.

Spot parfait, juste en face d’un tronc d’arbre surplombant la calanque et occupé par une instagrammeuse en train de chercher la meilleure pose mi-langoureuse mi-nonchalante (en équilibre sur un tronc d’arbre au-dessus des cactus, ah c’est tout un art, perso j’aurais été moins décontractée).

Calanque de Sugiton

Le bon plan : se garer sur le parking de l’université, grand et situé pile au départ du sentier.

La rando est vraiment super agréable, bien ombragée au début et un peu plus exposée à la fin, avec un tout petit passage dans les rochers mais easy. Un peu plus compliqué de trouver où se poser à l’arrivée : ce coup-ci, c’est moi qui squatte un arbre (mais plus en mode « paresseux » qu’instagrammeuse) pendant que Jo fait des sauts dans l’eau depuis les rochers.

Jolie surprise sur le trajet du retour, presque à l’arrivée : une laie et son marcassin arrivent sur le côté du trio qui nous précède. Un peu méfiants quant à la maman généralement pas commode, nous avons eu du mal à nous débarrasser du marcassin qui nous suivait en frétillant de la queue comme un chiot !

Trois points de ce bref séjour marseillais qui méritent d’être relevés :

  • La ville met en place de vraies actions de protection de l’environnement : au départ de la rando de Sugiton, des toilettes sèches pour lutter contre le fléau des kleenex et autres lingettes qui peuplent les buissons de bord de sentier ; dans la même veine, une jauge sera mise en place dès 2022 pour contrer la surfréquentation des calanques et leur dégradation. Elle teste aussi des choses intéressantes : plusieurs rues du centre-ville accueillent des compacteurs de déchets en vrac à énergie solaire.
  • Point bonus « tourisme » : pendant tout l’été, à proximité immédiate des principaux sites touristiques, on rencontre des personnes de tout âge dédiées à l’information des touristes. Ce ne sont pas des guides, il s’agit de jobs estivaux. Certains donnent surtout des infos pratiques type accès, horaires… mais d’autres ont bossé leur sujet et connaissent plein d’anecdotes hyper intéressantes.
  • Et enfin, s’il y a bien une ville ou la mixité et le « vivre ensemble » trouvent une matérialisation concrète, c’est à Marseille ! Un exemple frappant : dans les calanques, topless et burkini sont voisins et aucun n’attire les regards, quels qu’ils soient.

La première étape de notre périple terminée, en voiture Simone : on taille la route vers les gorges du Verdon !

Après une tentative de pause sieste sur un parking à Cadarache (dont on s’est fait sortir rapido : on avait eu la bonne idée de choisir, sans faire attention, celui du centre de recherche nucléaire), nous voici arrivés à l’étape n°2 !

Gréoux les Bains

Première – double – surprise : notre logement. Une bonne, tout d’abord : il est certes assez petit mais, au dernier étage d’une résidence, il est doté de grandes baies vitrées qui occupent tout un pan de mur et offrent une vue incroyable sur le coeur du village médiéval de Gréoux, sur la colline d’en face. Au lever du soleil, au coucher du soleil : vue méga-validée.

La deuxième surprise est un tout petit peu moins bonne. En plus de la température estivale bien énervée, le cumulus qui occupe environ un tiers de la salle de bain dégage une chaleur INFERNALE. Même en gardant la porte fermée, ça envahit le studio. Solution : laisser les fenêtres ouvertes pendant la nuit.

Mais.

On a le choix : laisser les fenêtres et les volets ouverts pour tenter de respirer, ce qui implique d’être réveillés dès potron-minet ; ou bien espérer une grasse mat’ au-delà de 6h et laisser les fenêtres ouvertes mais les volets fermés. Après une nuit épique au cours de laquelle une moitié d’équipe – et pas celle que vous croyez, comme quoi hein – a tout bonnement pété les plombs sur les coups de 4h du mat en menaçant de couper les fusibles de tout l’immeuble (ou presque), on a décidé que respirer, c’était quand même la priorité.

D’où « la vue magnifique au lever du soleil », voilà voilà.

Quoi qu’il en soit, notre séjour à Gréoux avait deux objectifs : rando et canoë. C’est parti.

Pompes de rando…

Le dimanche, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, nous voici en route pour le col des Lèques d’où part notre rando pour les Cadières de Brandis. Jo a bien repéré au préalable : normalement, c’est une rando de 3h30 environ, de difficulté moyenne.

Arrivés sur le sentier, il mentionne tout de même « un passage un peu difficile dans les blocs de rochers ». Ah. Face à nous, en effet, la pente ultra escarpée est saupoudrée de blocs de pierre carrément pas ancrés dans le sol.

*mode panique : on*

« – Mais, euh, on passe pas par là quand même ? On va glisser de ouf, c’est hyper dangereux !

– Ben si le topo nous fait passer par là, si, on passe ! Quand même, c’est un trajet balisé ! »

Comme chacun sait, la panique est la meilleure alliée d’un couple qui part en randonnée, gage de connivence et d’éclats de rire partagés.

Ha ha ha.

Non.

Après un bref et tendre échange sur lequel nous jetterons un voile diapré, il s’est avéré que non, ça n’était pas notre trajet (et heureusement).

De plus, au vu de plusieurs commentaires de randonneurs précédents sur visorando, Jo avait jugé préférable de faire la rando dans le sens inverse justement pour ce fameux passage dans les blocs de rochers (en montée, c’est moins cruel pour les genoux qu’en descente). Si cette modif a pour effet de faire démarrer la balade par un sentier ultra raide à travers la forêt, on te la conseille quand même. Well done, Jo !

Dans ce sens, les deux tiers de la montée se font dans la forêt, ce qui est fort appréciable en plein été. Le passage dans les blocs, au sujet duquel le petit vélo dans ma tête moulinait bien comme il faut depuis le départ, est en réalité très ludique et absolument pas difficile. Il se conclut par un passage dans une faille dans la roche, tu te faxes et tu traverses !

Au sommet, les fameuses Cadières sont : impressionnantes. En provençal, « cadière » signifie « chaise », et ces rochers qui culminent à 1545m d’altitude au-dessus de la vallée du Verdon sont surnommées les « chaises de géants ».

Le spot idéal pour, au choix, faire la pause dwich bien méritée ; ou bien installer son hamac pépouze et kiffer la vie. Coup de chance, il y avait peu de passage ce jour-là, nous avons donc pu profiter d’un paysage de dingue, dans un calme olympien.

À peine troublé par mes glapissements : on trouve là-haut les plus jolies petites pommes de pin qui existent. Petites, parfaitement composées et intactes. J’ai dû en redescendre une bonne vingtaine dans mon sac.

La redescente était un poil moins sympa, beaucoup plus exposée au soleil mais avec une jolie vue sur la vallée.

Ah, si, une déception majeure : on m’avait vendu la probabilité de rencontrer des petits bouquetins pendant la rando. Walou les petits bouquetins.

Après une pause au bistrot des Sirènes pour se désaltérer (alors, ici « sirène » dans le sens « siréniens », des animaux ancêtres des dugongs et des lamantins, dont on a retrouvé de nombreux fossiles dans le coin. Pas vraiment le look d’Ariel, donc.), nous attaquons le trajet du retour.

Étape non loin de là, à Castellane, dont nous découvrons le joli petit centre ville. Mais pas que. À Castellane, on mange du castellanais : une sorte de tarte aux noix et fruits secs, tellement bonne que j’ai torpillé la part de Jo et qu’on est allé en acheter une seconde.

Nous continuons ensuite par la route des Gorges, avec stop obligatoire au Point Sublime.

Comme nous n’avons pas envie de rentrer directement dans notre fournaise, nous décidons de manger au bord du lac d’Esparron.

Un peu circonspects quant au nom de l’endroit (la Buvette du lac, ça évoque au mieux un sandwich merguez), nous sommes charmés par le lieu ! Non seulement la vue directe sur le lac est très agréable, mais en plus on mange super bien. L’endroit est tellement chouette qu’on réserve direct la même table pour le lendemain, puisque c’est ici le point de départ – et de retour, inchallah – de notre balade en kayak.

En attendant, il faut bien rentrer à Gréoux : retour de nuit par les petites routes de la vallée, riches en virages en épingle et en gros lapins !

… et gilet de sauvetage

Le lendemain, parés moussaillons, nous voici au rendez-vous kayak dans les gorges du Verdon ! Pleins d’optimisme, nous visions l’aller-retour vers lac d’Esparron > lac de Quinson dans notre créneau de loc de 14h à 17h30. « Faites attention, avec le vent et le courant, le retour sera plus difficile ; ça va faire juste pour aller jusqu’à Quinson et revenir. »

Ok, on s’adapte : disons qu’on avance et on fera demi-tour vers 16h.

Allez : on n’est pas là pour niaiser, à l’assaut du Verdon ! Il y a pas mal de monde sur l’eau en kayak, canoë, paddle et même petits bateaux à moteur, mais la navigation est agréable. Nous nous arrêtons plusieurs fois pour nous baigner, l’eau est turquoise et très bonne. Jo en profite pour sauter depuis les rochers (encore) (toujours).

À certains endroits, les gorges se resserrent : on s’attend à voir surgir les portes d’Argonath à chaque virage.

Le retour est un peu moins idyllique : la dame de la loc n’a pas exagéré, c’est une vraie galère avec le vent de face. On maudit les kékés dans leurs bateaux à moteur qui nous doublent en laissant nonchalamment traîner une main dans l’eau, pendant qu’on fait de la godille (oui, on doit encore bosser notre synchro pour ramer efficacement).

Notre court séjour devait s’achever par une matinée de rando sur un sentier à flanc de roche dans les gorges, sur une portion quasiment semblable à celle parcourue en kayak. Pas de chance : le vent ayant fait son grand retour, tous les sentiers de rando étaient fermés en raison du risque d’incendie.

Nous avons donc opté pour une baladounette puis une pause au bord du Verdon, sur la même petite « plage » que celle que nous avions découvert en contrebas de Gréoux le jour de notre arrivée. Petit pique-nique OKLM, confection d’un cairn de nez sur un Jo en pleine sieste (les plages de petits cailloux, source inépuisable de jeu).

Fin de l’étape grysélienne (oui, le gentilé de Gréoux-les-Bains est hyper classe), c’est parti pour le dernier stop : Avignon !

Avignon

La voiture n’est pas hyper bienvenue en ville, ni pour circuler, ni pour se garer. Nous avions donc prévu de laisser notre voiture garée sur le parking des Italiens, à l’extérieur des remparts, avec l’objectif d’arriver jusqu’au Air bnb en navette. Petite déconvenue, la navette fonctionne uniquement en sens inverse ce jour-là. Heureusement, le trajet ne prend finalement qu’une dizaine de minutes à pied.

Nous arrivons sur la petite place du lieu de rendez-vous et rencontrons notre hôte, qui nous précède dans le bâtiment. Le logement est situé au deuxième et dernier étage d’une ancienne chapelle du XIIIème siècle, les escaliers pour y accéder sont étroits et bien colimaçonnés.

Nous ouvrons la porte de l’appartement et…

Ce logement est incroyable ! C’est absolument dingue (et ce qui l’est encore plus, c’est qu’il est dans les tarifs les plus bas qu’on ait trouvés dans la plupart de nos locations) ! La voûte de l’ancienne chapelle a été conservée et tout l’appartement a été rénové. Franchement, c’est ouf. Le lit est situé sur une mezzanine au-dessus de la cuisine mais, sur le conseil de notre hôte, nous dormirons la deuxième nuit sur le clic-clac du salon, juste sous la voûte. Waouh.

Nous partons dès le lendemain matin à l’assaut du centre médiéval, munis des plans de balade thématiques de l’office du tourisme : à la découverte des hôtels particuliers, des métiers d’antan… Elles permettent de découvrir tous les quartiers intra-muros, c’est bien pensé.

Le compte est bon

Le centre-ville d’Avignon n’est pas très étendu mais comporte une densité étonnante en termes de nombre de théâtres ! En 2019, on en dénombrait 139.

La culture est évidemment reine à Avignon (et non « en Avignon » comme on l’entend parfois, je m’appuie ici sur l’explication du Projet Voltaire : « Cette distinction vaut aussi pour Avignon ou encore Arles. À l’origine, la locution « en Avignon » désignait l’État pontifical d’Avignon qui fut rattaché à la France en 1791. Jusqu’à la Révolution, on résidait donc en Avignon comme on pouvait résider en Provence. De même, « en Arles » se justifiait au temps où Arles n’était pas seulement une ville mais un royaume. Plus rien ne semble justifier la tournure « en Avignon », bien qu’elle soit encore employée par les habitants de la région. »)

La culture, disais-je. À Avignon, tous les musées municipaux sont gratuits pour tous, autochtones comme touristes. Nous en avons profité pour visiter le musée Lapidaire, qui accueillait une exposition égyptienne intéressante (#PassionPharaon).

Évidemment, nous ne pouvions faire l’impasse sur la re-sta de la ville : le Palais des Papes.
L’achat de nos places en amont sur le web nous a dispensés de faire la queue au guichet. L’histopad est inclus dans le tarif.

Bon. Finalement, c’est un complément plutôt sympa, comme à Chambord : non seulement ça enrichit la visite, mais ça contribue aussi à réguler les flux de visiteurs. Il faut tout de même passer le cap de mettre sur ses propres oreilles un casque collé à d’autres oreilles quelques minutes avant.

Il y a tellement à dire sur l’histoire du Palais et de la papauté à Avignon que je ne vais pas me prévaloir d’une connaissance suffisamment fine pour qu’elle soit intéressante. En revanche, au-delà de l’Histoire, cette visite a aussi été l’occasion de découvrir quelques cocasseries du quotidien. Laisse-moi te parler de :

  • la proba : cette pièce d’orfèvrerie en corail représentait un arbre aux branches duquel pendaient des silex, des dents de narval et autres fossiles. Ces grigris étaient censés s’agiter en présence d’un éventuel poison. On trouve d’ailleurs dans la salle du Grand Tinel la reproduction d’une proba.
  • Le droit d’avoir un couteau : lors d’un banquet, seuls le pape et l’écuyer trancheur avaient le droit d’avoir un couteau. Question de sécurité.
  • La confiance qui régnait décidément vraiment : à la fin d’un banquet, on procédait au comptage de toutes les pièces d’orfèvrerie. Les convives n’avaient pas le droit de quitter la salle avant qu’il soit établi qu’aucune fourchette n’avait disparu.
  • Le paon rôti : il s’agissait d’un mets de choix, servi pour les grandes occasions. Détail curieux : pour les présenter, on leur recollait les plumes sur l’avant du corps seulement. Cette coupe mixte saugrenue leur donnait l’air d’une étrange chimère. Ou d’un footballeur. Chacun ses ref.
  • Ma trouvaille : dans la boutique dont la traversée est obligatoire pour sortir, mon regard a été accroché par une couverture rouge qui se détachait, solitaire, derrière les mugs et autres tote bags : un petit bouquin sur l’héraldique. Joie !

Voisin du Palais, le Jardin des Doms, surplombe la ville. Nous y avons achevé notre visite de la ville par la découverte d’une expo en plein air sur les coulisses du festival dans ses premières années (les années 60).


L’occasion aussi de voir d’en haut le fameux pont. Enfin, demi-pont.

Avignon by night

Nous avons testé le Barrio, conseillé par nos hôtes et situé sur la jolie place des Carmes face à l’appartement. Le serveur, super sympa, a été de très bon conseil sur le vin : il nous a fait découvrir un Domaine de Valdition 2018… après nous en avoir fait goûter deux autres pour bien cerner nos goûts !

Et heureux hasard, nous avons profité du festival Helios : la nuit tombée, les façades des monuments de la ville étaient envahies de projections lumineuses animées.

Idéal pour terminer ce road-trip en Provence.

Ok, « l’autre » Sud vaut vraiment le détour 🙂

Les bières (locales) du voyage

Marseille

  • La Cagole IPA : elle récolte un « Mouais. » de Jo
  • La Petite Aixoise (au Marafiki) : c’est un « Oui ! »
  • La Minotte (sur la terrasse de l’appart) : c’est un « Oui ! »
  • La bière artisanale de la Friche (à la Friche, fricheception) : c’est un « Oui ! »

Gréoux

  • La bière des Gorges : elle est jugée « Ok » par notre fin connaisseur (c’pas ouf, non ?)

La playlist du voyage

Marseille

Gréoux les Bains

  • Chanchan (Buena Vista Social Club) au bistro des Sirènes
  • Boom boom boom boom (Venga Boys) au port d’Esparron, volume à fond chez les djeuns en train de s’ambiancer face au port (incroyable, ils n’étaient même pas nés ?!)
  • La BO du Seigneur des anneaux pour le kayak (je te mets l’intégrale, c’est cadeau)

Avignon

  • Aidu (Ali Farka Touré), sur la route depuis Gréoux