// Juillet – août 2019 //
BUDAPEST > Vienne > Bratislava > Prague. Quatre jours pour explorer la capitale hongroise : c’est la 1ère étape de notre road trip estival dans les pays de l’est.
Le voyage démarre bien : après un binz à l’escale entraînant un changement imprévu de compagnie pour la seconde partie du trajet (imagine ma tête quand j’ai compris qu’on allait finalement voler sur Soviet Airlines Czech Airlines), la valise ne suit pas et reste à Bruxelles. Au comptoir Brussels Airlines, promesse rassurante de l’arrivée de la valise dans la soirée.
Rassurante, mais fausse. Nous ne la récupèrerons que le lendemain midi. Joie.
À noter à l’aéroport : une super signalétique au sol, hyper pratique pour savoir où se diriger pour trouver les taxis, les transports en commun, etc. Pour aller en ville, il suffit de prendre le bus 100E (environ 5 euros à deux) pour un trajet d’environ 30 minutes jusqu’au centre-ville (arrêt Deak Ferenc).
Notre location était située sur la longue rue Kiraly, fort bien dotée en petits restos de gyros, pizzas et autres falafels. L’appart est vraiment top (et les voisins sympas : ah, deux strip clubs, surprise).
C’est parti pour la découverte des différents arrondissements de Buda et de Pest en quatre jours, ici par ordre croissant.
1er arrondissement (côté Buda)
À l’assaut du château de Buda, aka le palais de Budavar : résidence historique des rois de Hongrie, sa construction fut initiée au 14ème et se poursuivit jusqu’au 20ème avec de grosses rénovations après son bombardement en 1945. Il est situé au sommet d’une colline dont l’ascension peut sans problème se faire à pied. Sinon, le mignon funiculaire (le deuxième à avoir été construit en Europe et le plus ancien transport en commun de la ville) s’attrape sur la place Clark Ádám juste au bout du pont des Chaînes, Széchenyi Lánchíd en VO.
Le château est immense, composé de plusieurs bâtiments et offre de très beaux points de vue sur la ville côté Pest. Dans le château, une équipe de tournage faisait d’ailleurs des prises de vue complémentaires pour un film (du coup, surveille les prochaines sorties de films hongrois si tu veux nous apercevoir dans nos plus belles tenues de touristes, #OOTD).
Quelques centaines de mètres plus loin, le Bastion des pêcheurs : jolie promenade surplombant la ville, à faire en fin de journée pour les couleurs du couchant. Joli et surprenant, le Bastion fait penser à un décor de Disney.
Juste derrière, l’église Matthias et ses toits vernissés.
Belle réussite d’infiltration parmi un tour guidé en espagnol… mais quand la guide a commencé sa description du blason par « Una pata negra, que es… », on a évidemment complété en chœur « un jamón » et on a rigolé, donc on a perdu le fil. Du coup désolés, pas de détails historiques, tu regarderas sur Wikipédia.
2ème arrondissement (côté Buda)
Budapest est connue pour ses nombreux thermes. Deux explications : les multiples sources thermales présentes dans les sous-sols, mais aussi l’influence ottomane. Les thermes les plus connus sont les Bains Széchényi et les Bains Gellert maiiiis… archi-blindés en été, ils tiennent davantage d’Aqualand que d’un lieu empreint de traditions. Nous nous sommes donc repliés stratégiquement vers des bains plus petits : les bains Kiraly.
Construits par les Turcs, ils datent de 1565 et s’ils ne paient pas de mine de l’extérieur, ils sont très authentiques et propres à l’intérieur. Le tarif d’entrée est très raisonnable : 2900 forints par personne (sachant que 1 euro = 311 forints) avec une cabine privée où se changer et laisser ses affaires. C’est un peu moins cher si tu es open à te changer dans le vestiaire collectif, avec tout de même un casier privé.
Petit bon plan, si tu viens le matin et que tu sors avant midi, tu peux récupérer 1100 forints en repartant : hop, tarif matinée.
Dans ces bains-là, pas besoin de bonnet de bain (dommage, on avait trouvé une technique de ouf pour le mettre) et les visiteurs sont plutôt des locaux. On y trouve différents bains à 26, 32, 36 et 40 degrés, un hammam très chaud, deux saunas à 50 et 70 degrés, un jacuzzi intérieur souvent occupé et des bains extérieurs.
5ème arrondissement (côté Pest)
Parmi les lieux mentionnés comme « à voir », la place Erszébet avec sa grande roue : méga bof. Spot à touristes, pas d’intérêt si ce n’est d’y apporter son apéro/pique-nique pour profiter des esplanades vertes.
Toute proche, la magnifique basilique Szent Istvan, très imposante.
Sur la place qui lui fait face, de nombreuses terrasses de bar. Nous avons jeté notre dévolu sur le 0,75, top avec sa carte de plus de cent vins hongrois. Après avoir âprement négocié pour avoir la dernière table de l’espace fumeur (c’était la dernière avec vue directe sur la basilique dorée par le coucher de soleil, sans crâne de touriste interposé), nous avons profité d’un cadre parfait pour un apéro en terrasse, avec – instant œnologie – un verre de Cserszegi Fuszeres de 2017, vin blanc hongrois, délicieux.
Nous avons visité l’intérieur de la basilique un autre jour. Le roadtrip étant chargé en monuments à découvrir, nous avons privilégié – à quelques exceptions près – ceux dont l’entrée était libre, comme celui-ci. À l’intérieur, la basilique est belle et dorée. Y est conservée the relique de la ville : la Sainte Dextre, main droite momifiée du roi St Etienne, fondateur de la Hongrie. Placée dans un coffret vitré qui s’illumine moyennant une pièce. Ah.
Pour quelques centaines de forints, il est possible de monter dans la coupole pour bénéficier d’une vue panoramique sur la ville vue, mais par manque de temps et du fait d’une météo très grise, nous y avons renoncé.
Déjeuner à l’un des trois Hummus bar de Budapest, royaume du pois chiche ! C’est bon et l’accueil est vraiment au top.
Parmi nos visites payantes, celle du Parlement (3200 forints par personne) avec une guide francophone. Nous avons vraiment apprécié, ça vaut le coup. La visite se fait obligatoirement en groupe guidé, les tickets sont réservables en ligne ou à acheter sur place. Le tour se fait dans toutes les langues, dont deux visites en français au cours de la journée. La visite permet d’accéder à la salle du Parlement, au Dôme et à la salle de la Sainte Couronne (dont la croix penche après avoir pris un mauvais coup, ouh la boulette).
Le Parlement, à la fois monument historique et lieu de travail quotidien d’environ mille personnes, tous corps de métiers confondus, est extrêmement bien entretenu. C’est le revenu des visites des touristes – dont 50% sont hongrois – qui permet l’entretien de ce bâtiment immense et de son mobilier luxueux (aucune Billy dans la bibliothèque, par exemple).
À la sortie du Parlement se trouve le mémorial aux victimes de la Shoah, les Chaussures au bord du Danube. Une soixantaine de paires de chaussures en bronze s’aligne sur le bord du Danube, représentant les personnes exécutées sur ces mêmes rives après avoir dû se déchausser.
Dans un voyage comme celui-ci, les références à la Shoah sont nombreuses, de Prague à Vienne.
6ème arrondissement (côté Pest)
Dans notre rue, abrités sous le porche en catastrophe suite à une averse matinale, nous découvrons l’Université de musique Franz Liszt en lorgnant à travers la porte vitrée. L’intérieur est magnifique, style baroque, velours rouge et dorures (sobre, quoi).
Nous glissons jusqu’au porche suivant et entrons par hasard dans une très jolie petite église, Szent Teréz de son petit nom. La pluie fait faire de jolies découvertes. Ne pas hésiter non plus à se faufiler via les portes cochères ouvertes pour profiter des belles cours intérieures.
Sur l’avenue Andrassy envahie par une foule de touristes en ponchos transparents – la classe ultime – l’opéra est quasiment entièrement bâché pour cause de travaux, pas de chance.
Cet arrondissement est aussi sympa en soirée, en commençant par dîner au Terv Presszo. La déco est vintage, faite de photos, d’articles de journaux sur les équipes de foot locales (période pré-mulet, ça date).
Typique de l’époque socialiste, le presszó était un endroit de rencontre entre le café traditionnel et le bar, fréquenté par des écrivains, des artistes et des politiciens.
C’est parti pour de la vraie cuisine hongroise : poulet au paprika et porkölt (ragoût de bœuf), tous deux servis avec des nodeklis (un peu comme des gnocchis très fins ou des spaetzle). Puis go pour un dessert très léger, le somloi galuska. Du gâteau type pudding avec crème vanille et raisins secs macérés (bien, bien macérés), servi sous forme de boule avec un nappage au chocolat et de la chantilly. Booom.
Pour faire passer tout ça, il fallait enchaîner avec un verre : direction Anker’t, l’un des célèbres ruin bars de Budapest. Un ruin bar est un bar/pub/club – ambiance variable au cours de la journée – installé dans un bâtiment plutôt décrépit, pas tout à fait en ruine mais pas loin. Anker’t se situe dans une ancienne usine et comporte un beer garden en plein air, quelques salles intérieures dont un dancefloor à l’ambiance RnB des années 2000, comme en Croatie !
L’ambiance globale du lieu fait penser à RAW Temple à Berlin ou au Coop Garage à St Pétersbourg, avec des bonnes bières, des cocktails sympa et l’inévitable guirlande lumineuse hipster-guinguette.
7ème arrondissement (côté Pest)
Le quartier qui nous a le plus plu est sans conteste le quartier juif. C’est Brooklyn, entre les spots à falafel (#passionfalafel) et ceux à burgers, il y a l’embarras du choix pour manger (of course attention aux fermetures pendant shabbat). Nous avons opté pour un déjeuner chez Bors Gasztrobar : de la street food super miam dans une ambiance Star Wars. 3050 forints pour deux sandwiches délicieux, une bière et un cheesecake. Le lieu est envahi d’étudiants, l’accueil est top et c’est franchement très bon. Et en plus avec du bon son, tiens.
Juste à côté, le food court Karavan que nous n’avons malheureusement pas testé à cause de la pluie.
Qui dit quartier juif dit synagogue : la Grande Synagogue de Budapest, la plus grande d’Europe et la seconde au monde en termes de capacité, a été construite en 1859. Immense et de style mauresque, elle peut se visiter, mais astuce : de l’extérieur, on peut suivre toute l’expo installée sous les arcades et qui explique l’histoire de la synagogue (lesdites arcades sont complètement ouvertes sur la rue car, comme on l’apprend dans l’expo, la municipalité voulait que les activités communautaires soient visibles depuis l’extérieur.)
Dans la cour intérieure, les deux-mille deux-cents quatre-vingt-une victimes retrouvées à la libération du ghetto juif de Budapest, au milieu duquel se trouve la synagogue, ont été enterrées dans vingt fosses communes. On peut lire sur les stèles les noms, dates de naissance et de décès et se rendre compte du grand nombre de très jeunes enfants parmi les victimes.
Le cours de l’histoire a conduit ce cimetière à remplacer le projet original d’un grand bassin dans lequel le ciel se serait reflété. À l’arrière de cette cour se trouve le Saule pleureur d’Imre Varga, sur les minces feuilles argentées duquel sont gravés les noms des six-cents mille victimes juives hongroises de la Shoah.
Un peu plus léger : après une balade dans le quartier, halte au Hopaholic, spot à bières repéré par Jo. À ce stade, ce n’est plus une carte, c’est un catalogue.
Sur la lancée, direction le plus connu de tous les ruin bars : Szimpla Kert, installé dans un ancien immeuble d’habitation dont les anciens appartements accueillent différents bars avec une déco complètement perchée. Chaque recoin a son ambiance et chaque bar sa spécialité : bières, vins, cocktails, long drinks… Dans la cour intérieure, du monde, du monde, du monde et du son (et un marché en journée). Ici, on est assez proche de l’ambiance d’Etagi Loft Project à St Pétersbourg. On te laisse découvrir tout ça en photos, c’est impossible à décrire !
Enfin, fin de soirée à Gozsdu Udvar, passage recommandé dans la plupart des blogs… Eh ben hyper décevant, des bars qui crachent de la mauvaise dance et personne dedans ! Un verre rapide au Szpiler, le moins pire de tous : mauvaise bière et mauvais vin, mais vraiment hein. Zappe.
11ème arrondissement (côté Buda)
À partir du pont Széchényi, il suffit de longer le Danube côté Buda pour attraper le bus 8E puis le 27 pour monter à la Citadelle. De là, on profite d’une très belle vue sur Pest et notamment sur le Parlement, qui ressemble un peu à Westminster. En revanche, il y a beaucoup, beaucoup de monde, donc on voit la vue à travers une forêt d’écrans en mode selfie.
C’est l’occasion d’apprendre de nouvelles poses pour tes photos de vacances : le saut de 2014 ne se fait quasiment plus, la duckface de 2017 non plus, on est plutôt sur du ¾ avec moue énigmatique et jeu de cheveux.
La redescente se fait à pied dans la végétation, d’autant plus agréable au vu de la température et du dénivelé. Bonne idée finalement que d’avoir inversé nos plans de départ (soit montée à pied, redescente en bus) (cherche pas, y’avait pas de logique).
Après avoir traversé Erzsébet híd, le pont Elizabeth, se déroule la rue Rákóczsi, très commerçante mais avec de nombreux bâtiments remarquables dont le luxueux hôtel Art Nouveau Parisi Udvar.
14ème arrondissement (côté Pest)
On accède à Varosliget en suivant l’avenue Andrassy et ses demeures plus que cossues (parmi lesquelles également des ambassades, des sièges de banques… un quartier ouvrier, quoi) et après avoir passé l’impressionnante place des Héros, Hősök tere, construite pour commémorer le millième anniversaire de l’installation des Magyars dans la plaine de Hongrie.
Varosliget est un des poumons verts de Budapest. Il accueille notamment le château Vajdahunyad qui ressemble en partie à celui de la Belle au bois dormant, mangé par la végétation. Les autres parties du château sont construites dans des styles différents. Au détour d’une allée, la statue de l’anonyme et son visage quasiment invisible dans sa capuche est un peu flippante, t’as pas envie de venir lui rendre visite en pleine nuit.
En haut du parc, les termes Széchényi font le plein toute la journée.
Notre étape budapestoise s’est terminée en beauté par une croisière top, 1h de balade sur le Danube pour 9 euros par personne. Terreur à l’embarquement lorsqu’un ado livide a été signalé malade par ses parents (« He doesn’t feel very well, he has a stomach ache ») (Oh. Mon. Dieu. Il. Va. Vomir.) (mais finalement non).
Découverte de tous les monuments magnifiquement illuminés, c’est splendide. Ce qui n’était pas prévu, en revanche, c’est l’orage et le déluge d’anthologie qui se sont déchaînés à la minute même où nous remettions pied à terre.
20 minutes de sprint sous la pluie pour rejoindre l’arrêt de tram.
RIP mes baskets blanches, petits anges chinois à bas coût partis trop tôt.
Fin de l’étape budapestoise, départ pour Vienne en Flixbus !
À la sortie de Budapest, on aperçoit de grands champs de tournesol et de maïs, des oliviers et des peupliers aux petites feuilles argentées. Arrêt à Gyor, très jolie petite ville avec une mairie magnifique et une gare bien old school.
Plus on approche de l’Autriche, plus on voit d’éoliennes et de panneaux solaires, jusqu’à passer les anciens postes frontières.
À suivre…
Le point transports
À noter :
- la correspondance n’est valable qu’entre les quatre lignes de métro
- le même ticket ne peut pas servir entre plusieurs bus ou plusieurs trams, et ne peut pas non plus servir pour plusieurs modes de transport
- un ticket = 350 forints.
Le métro de la ligne 1 est trop mignon, on dirait un jouet, tout jaune et tout petit, on s’attend presque à ce que le conducteur s’écrie « Venez ! Je vous emmène dans mon métro merveilleux, le métro de Oui-Oui ! » (enfin, moi je m’y attendais) (spoiler : mais non, en fait). La sonnerie de fermeture des portes ressemble beaucoup aux premières notes d’In the mood de Glenn Miller et attention, dès qu’elle retentit il vaut mieux se hâter, les arrêts sont brefs.
Le tram n°2 : bon plan touristes ! Idéal pour faire un tour côté Pest avec vue sur Buda pour le prix d’un trajet normal. La ligne a d’ailleurs été élue plus belle ligne de tramway d’Europe par le National Geographic.
Headbanging
Repérés parmi les budapestois : beaucoup de t-shirts de groupes de métal et de looks gothiques.
Mérite également d’être souligné : un retour en hype d’Evanescence, qui remplit apparemment des stades. Ah.
Le top bières de Jo
- Hubris (une IPA locale) : très bonne
- Dreher Pale Ale (testée au ruin bar Anker’t ) : bonne
- Armando Otchoa Grabanc IPA (testée au Hopaholic, parmi une carte interminable) : top
La playlist du voyage
- TLC, Waterfalls ; Shaggy, Angel ; Blackstreet, No diggity : la playlist spécial 2000’s au ruin bar Anker’t
- Olexesh, Schwarzfahr’n ; Cashmo, Hoez & Broz ; SSIO, Du hast noch nicht mal Kekse et BB.U.M.SS.N. : du rap hongrois pour le déj à Bors Gazstrobar
- Grupo Armonia, Selva Ardiente : pour une petite ambiance à Hopaholic
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