// Juillet – août 2019 //
Budapest > Vienne > Bratislava > PRAGUE. Quatre jours pour explorer la capitale tchèque : dernière étape de notre road trip estival dans les pays de l’est.
Après un trajet en train depuis Vienne, arrivée à la gare de Prague : direction notre appart, situé à 15 minutes à peine à pied.
Sur le trajet, nous traversons náměstí Republiky, la place de la République, sur laquelle se trouve la Maison Municipale. Construit au début du 20ème siècle dans le style de la Sécession viennoise (décidément), ce bâtiment chicos accueille notamment un café, un restaurant et une salle de spectacle. Il est le principal bâtiment Art Nouveau de Prague.
Première impression de la ville : holy crap ! C’est plein, plein, plein de touristes. Récit de notre escapade pragoise en quatre jours, quartier par quartier.
Staré Město (vieille ville)
On entre dans la vieille ville en passant sous la Tour poudrière, l’une des anciennes fortifications médiévales de Prague. On arrive ensuite sur Staroměstské náměstí, ceinte de plusieurs monuments remarquables.
Notre Dame du Tyn et ses deux tours gothiques aux airs de château de la Belle au Bois dormant, l’église St Nicolas dans laquelle nous avons eu la chance de tomber sur un concert matinal, et bien sûr la célèbre horloge astronomique qui indique l’heure et la position des astres depuis 1410. À chaque heure pile, elle attire une marée humaine venue admirer le défilé des apôtres et autres automates. Le centre historique est l’endroit qui concentre le plus de touristes au centimètre carré, ce qui en rend la visite assez oppressante.
Souvenir mémorable d’une tentative de sprint de retour à l’appart pour aller chercher un k-way : traversée sous l’averse de la place Staroměstské pleine à craquer, avec interceptions par un groupe de japonais qui souhaitait une photo, puis une famille indienne qui cherchait son chemin, puis slalom à travers une troupe de seniors encombrés de parapluies récalcitrants.
Barrez-vous, cons de mimes !
Josefov (quartier juif)
La visite de Josefov, ancien ghetto juif de la ville, est plus complète en optant pour le billet global donnant accès à plusieurs synagogues et monuments pour 500czk, soit environ 20 euros (100czk = 3,11 euros, on te laisse faire une règle de trois).
Chacun abrite des expos hyper complètes sur des points particuliers de l’histoire et de la culture juives :
- à la synagogue Maisel : expo sur l’histoire du peuple juif (où l’on apprend que dès le 13ème siècle, les juifs ont dû porter un badge d’identification)
- à la synagogue Pinkas : parmi les synagogues pré-citées, c’est la seule encore consacrée, la kippa y est donc obligatoire pour les visiteurs masculins. La visite est saisissante : elle débute par la liste des quatre-vingt mille victimes tchécoslovaques de l’Holocauste, de leurs dates personnelles et du nom de la communauté à laquelle ils appartenaient, inscrite sur les murs de plusieurs salles, au son de chants de prières. Au premier étage, ce mémorial accueille une exposition des dessins des enfants internés au camp du camp de concentration de Theresienstadt / Terezín. Une visite difficile, extrêmement poignante.
- à la synagogue Klausen et au Ceremony hall : expo sur les coutumes et traditions. Très documentées et détaillées, elles présentent tous les rituels, objets et fêtes religieuses. Très instructif pour les goys !
- le vieux cimetière juif : il s’agit de l’une des plus vieilles nécropoles juives d’Europe, dont la plus ancienne stèle date de 1439. Il compte environ douze mille pierres tombales serrées, voire empilées sur plusieurs strates.
- la visite de la synagogue Espagnole fait également partie du billet, mais elle était fermée pour travaux lors de notre séjour.
Hradčany (le Château de Prague)
À noter : lorsque l’on parle de château à Prague, il faut entendre « citadelle » plutôt que « château fort ». Le Château de Prague est donc un ensemble de bâtiments, incluant notamment plusieurs chapelles et surtout la cathédrale St Guy ; l’accès à cette dernière est libre seulement pour une toute petite surface à l’entrée, délimitée par des cordons et gardée par des matrones pas commodes. On y aperçoit tout de même quelques-uns de ses magnifiques vitraux, dont certains réalisés par Mucha. Au-delà, c’est payant.
La foule et la météo tropicale ce jour-là ne nous ont pas laissé une impression très agréable, un peu comme à l’île Petrogradskaya à St Pétersbourg.
En revanche, aux abords du château, de jolies choses à découvrir au caaalme.
Le Palais Schwartzenberg dont les murs extérieurs décorés abritent un musée d’art. Il était fermé au moment de notre passage mais il y a moyen de lorgner un peu la jolie cour intérieure à travers les grilles.
Novy Svet : ses charmantes maisonnettes aux façades colorées accueillaient à l’époque les domestiques du château. Aujourd’hui, ses ruelles pavées super calmes sont fréquentées par quelques rares couples d’instagrammeurs : tenue pointue hyper étudiée, moue boudeuse et cheveux au vent… et nous : short Quechua, plan, gourde et appareil photo en main.
Notre Dame de Lorette et son adorable carillon, à écouter poseyy sur le muret de pierre face à l’église. Best pause goûter ever.
Le couvent Strahov, l’un des plus anciens du pays. Je te dirais bien que ce sont ses célèbres bibliothèque et pinacothèques qui nous y ont attirés… mais la vérité vraie, c’est que seule la perspective d’y déguster la bière produite sur place par les moines a pu convaincre Jo.
Depuis le couvent, il suffit de suivre le sentier à travers les bois pour arriver au sommet de la colline de Petrin, surmontée de la « petite tour Eiffel de Prague ». Et pour redescendre, deux possibilités : le funiculaire ou la fin du sentier à pied pour arriver à Malá Strana. NDLR : vers la fin du sentier, une attraction type maison hantée. Gardée par un type TROP CHELOU. Et des jardinières-gargouilles.
Malá Strana
En descendant de Petrin, arrivée dans Malá Strana. Le pont de la Légion (Most Legií) permet de descendre sur l’île de Kampa, îlot de verdure sur lequel il est agréable d’aller se balader certes, mais surtout d’aller boire un cocktail au Pont-on en profitant d’un concert et en regardant le soleil descendre sur la ville.
#momentparfait
#lakiffanceducocktail
Vyšehrad
Autre spot délaissé par les touristes : Vyšehrad, le « château des hauteurs » (tu commences à devenir bilingue, tu as donc certainement capté que hrad = château).
Balade au vert et au calme, car délaissée par les touristes. Pourtant, bien qu’un peu excentrée, la citadelle est parfaitement accessible, située à 10 minutes à pied de la station de métro éponyme.
La découverte des vignes et la vue sur la ville depuis les remparts (et à travers les meurtrières, comme en témoigne cette photo totalement WTF, merci Jo) valent le détour.
Vinohrady et Źižkov
Źižkov est assez cossu, avec de nombreux petits bars à vins très tentants. C’est aussi dans ce quartier que se trouve la très controversée Tour de télévision de Prague, assaillie par des bébés géants sans visage de l’artiste tchèque David Cerny ! (en vrai, beaucoup moins creepy que ça n’en a l’air). Construite par les communistes en 1985, on lui a prêté des desseins troubles.
Au cœur de Vinohrady, le parc Riegrovy sady : le spot idéal pour boire un verre en fin de journée, directement aux grandes tables du Mlikarna ou bien à emporter pour dégustation dans l’herbe.
Sur le retour à pied vers Nové Město, découverte fortuite d’une superbe vue sur le château de Prague et Notre Dame du Tyn au soleil couchant depuis l’immeuble de Deloitte.
Nové Město (nouvelle ville)
Nové Město entoure Staré Město de l’est au sud. C’est dans ce quartier très étendu que l’on trouve par exemple la Maison dansante, monument emblématique du style du déconstructivisme qui se caractérise par un « chaos contrôlé ». Très particulier, il ne laisse pas indifférent : Jo a adoré, je suis restée plus circonspecte.
Pour rejoindre la Maison dansante, le plus agréable est de longer le bord de la Vltava à partir du pont St Charles (perpétuellement noir de monde, un peu comme le ponte vecchio à Florence). Sur le trajet, les magnifiques façades travaillées des maisons semblent suivre un nuancier immuable : beige, gris clair, ocre, jaune, pistache, seul l’ordre des couleurs varie légèrement et les fait ressembler à des maisons de poupées comme l’église Ste Elisabeth à Bratislava.
De l’autre côté de la Vltava, les façades sont différentes : plus massives, toujours cossues, mais très peu colorées. Sur ce même trajet, le Théâtre National très classique et sa voisine moderne et diversement appréciée la Nouvelle Scène, composée de plus de quatre mille moellons en verre soufflé.
Entre les deux, certains soir, on peut découvrir le marché Dyzajn (à prononcer pour comprendre) (un indice en bas de votre écran : le « j » se prononce « i »), un petit marché de créateurs avec concert et foodcourt. Welcome to Hipsterland.
Une chouette découverte : la Galerie de photographie de Prague où nous étions quasiment seuls pour profiter de la superbe expo de Jiří Hanke (ouh, même Le Monde en parle).
Petite suggestion de jeu dans Nové Město : la chasse aux passages (pasáž) et aux galeries. Il en existe une multitude, créés pour la plupart entre 1907 et 1938 et abritant alors théâtres, cinémas et grands magasins. Ces symboles de la Prague moderne seront délaissés sous le communisme, la promenade étant alors considérée comme une occupation bourgeoise ; ils seront réhabilités à partir des années 90.
Notre sélection :
- La galerie du Palais Adria (Jungmannova 31) : construit à l’origine pour une compagnie d’assurance italienne dont le nom figure toujours dans les mosaïques, il mixe élégamment le style rondocubiste, typiquement slave, et le style Renaissance. Bon plan : à l’étage, un café un peu chicos mais pas cher du tout propose de délicieuses pâtisseries et une terrasse hyper agréable.
- Le passage Lindtova (Jungmannovo náměstí 773/11) : principalement pour son joli sol
- Le passage Lucerna (Štěpánská 61 ou Vodičkova 36) (via le passage Rokoko) (lol) : assez labyrinthique, il est célèbre pour son Kino Lucerna, premier cinéma parlant du pays, et pour sa statue de cheval renversé que l’on doit à David Cerny (qui a décidément des obsessions assez spéciales). Il abrite également un vieux magasin d’appareils photos de toutes les époques.
- Le passage Svetozor (Vodičkova 41) : le magnifique vitrail publicitaire Tesla radio est à noter dans ce passage assez quelconque pour le reste du décor ; surprise en revanche dans l’escalier conduisant à son cinéma d’art et d’essai, une expo trop cool pour les 80 ans de Batman ! (évidemment qu’on a fait la bat dance, tu te poses vraiment la question ?)
- La galerie Koruna (Václavské nám. 846/1) : superbe avec son immense dôme de verre
La plupart de ces passages se trouvent à proximité de Václavské náměstí, la place Venceslas dont la largeur lui donne plutôt l’air d’une avenue, bordée de nombreux palais et bâtiments à l’architecture très travaillée. Dédiée à Venceslas 1er de Bohême, la statue équestre qui la domine porte son nom (ainsi qu’une sorte des saucisses vendues dans le kiosque du début de l’avenue, pas la meilleure expérience de street-food !)
La charge historique du lieu est forte : devenu symbole de l’identité tchèque lors de la révolution de 1848, c’est là qu’est signée la déclaration de la première République tchécoslovaque en 1918. Il est également intrinsèquement lié à l’histoire du communisme dans la ville, des défilés officiels du 1er mai à la confrontation des Pragois avec les chars soviétiques en 1968, et jusqu’aux importantes manifestations qui contribuèrent à renverser le régime en 1989.
Juste derrière la statue, les deux bâtiments très contrastés du Musée national : le bâtiment historique de style Néo-Renaissance, et le nouveau bâtiment, emblématique du brutalisme.
Coup de cœur de Jo pour le style brutaliste, toujours.
Question cruciale : où manger à Prague ?
Il vaut évidemment mieux éviter les restos à touristes situés immédiatement autour de Staroměstské náměstí.
Trois adresses, trois ambiances.
Sad man’s tongue : ambiance fifties et rockabilly. Il y a du monde donc de l’attente, mais pas de souci : on patiente dans le living room, installés dans des canaps et des fauteuils en velours panthère et zèbre en buvant un verre, et les serveurs viennent te chercher au fur et à mesure que les tables se libèrent. Pour nous, plus rapidement que prévu puisqu’on est ok pour partager une grande table avec deux anglais, au lieu de patienter pour la denrée rare que représente une table de deux.
Les burgers sont énormissimes et délicieux, les cocktails au rhum ou au whisky tout autant, mais la musique live est ultra forte dans cette petite salle (RIP l’oreille gauche du monsieur anglais, installé juste à côté du chanteur). Tarifs raisonnables : 1034 czk pour 2 burgers, 2 bières et 2 cocktails.
Kolkovné : cuisine plus typique, nous optons pour un vepřo knedlo zelo, un plat typique de morceaux de porc avec du chou rouge et du chou blanc (toujours ce @#$ de chou), et son accompagnement de grandes tranches rondes de knedlíky, des quenelles à base de pain de mie, d’œuf et de lardon.
Ultra roboratif, super idée en pleine canicule d’août.
Lokal : l’endroit est immense et top, une taverne tout en longueur assez bruyante mais vraiment sympa. Nous avons testé le smažený sýr (du fromage tchèque pané) et des plats de viande en sauce.
Le petit plus de cette cantine : nous l’avons appelé beer guy, c’est le serveur uniquement préposé au service des bières ! Il arpente la salle en continu pour t’en proposer une autre dès que le niveau descend et cocher le nombre de bières sur ton ticket (il y a cent cases sur le ticket, ça permet de voir venir).
Mais s’il y a bien un endroit à retenir de notre séjour pragois, c’est Stalin.
Au sommet de la colline de Letná, les deux-cents quarante-huit marches de l’escalier mènent au socle de ce qui fut un monument de quinze mètres de haut à la gloire de Staline, achevé en 1955. Une sculpture le représentant suivi d’un groupe de huit personnes – quatre représentant le peuple soviétique et quatre le peuple tchécoslovaque – discrètement baptisée par les pragois « Queue à la boucherie », « Fronta na maso » en VO. Le processus de déstalinisation entamé en 1956 se conclura par la destruction dudit monument à la dynamite en 1962.
Aujourd’hui ne subsiste que le socle de la sculpture, désormais occupé par un immense métronome qui a donné son nom à un festival emblématique de la ville. Stalin est devenu un lieu atypique où l’on trouve des buvettes, une grande place envahie par les skaters, et une chouette programmation de concerts, projection de films et autres pièces de théâtre. L’endroit est super propre, des gens font régulièrement le tour pour récupérer les innombrables bouteilles terminées, et l’ambiance est vraiment sympa.
Très prisé des jeunes locaux en soirée, le socle devient pareil à un immense canapé de pierre duquel on peut contempler la ville sous ses pieds. Trinquer assis sur le toit de Prague, c’est vraiment une impression incomparable.
Nous avons tellement kiffé le lieu que nous y sommes venus deux soirs d’affilée, dont le dernier de notre séjour.
Et c’est ainsi que s’est achevé notre road trip dans les pays de l’Est : en dansant sur de l’électro, sur le toit de Prague. Booom.
Le détail Valérie Damidot, les chouchous les loulous
Dans tous les apparts que nous avons loué dans les pays du nord et de l’est (c’était le cas à Amsterdam, à Berlin, à St Pétersbourg, à Budapest, à Vienne et à Prague), les lits doubles sont équipés de couettes unipersonnelles.
Une bien belle invention, qui met fin à des siècles de « ‘taiiin arrête de piquer toute la couette ! »
Sûr que le taux de divorce est plus bas dans ces pays-là.
Spring break
La ville est envahie de groupes de touristes venus fêter des enterrements de vie de célibataire, et très, très saoûls. En journée, c’est fastoche de les reconnaître : ils circulent à bord de beer vélos et chantent très fort et très faux.
Oh, selon Jo, il y aurait également un tram spécial avec une serveuse qui fait des cocktails. Attendu qu’il est le seul à l’avoir aperçu, et encore une seule fois, nous ne nous attarderons pas sur ce qui restera « la légende du party tram ».
Le métro pragois
Les stations du métro pragois sont assez remarquables, avec des design assez différents et hyper photogéniques.
Le top bières de Jo
- Kozel Lager = bof
- Svatý Norbert (bue dans le biergarten du couvent Strahov) : top
Trdelnik ta mère
Globalement, la cuisine tchèque ne nous laisse pas un souvenir ému. Quelques exceptions sucrées :
- Les viennoiseries : Jo, qui ne recule pas devant un cheesecake au petit déj, a craqué sur les borůvkový koláč ou makový (sorte de brioches aux myrtilles) et les chocolatines pimpées à la crème pâtissière
- Le trdlenik, imposture totale mais délicieuse ! Vendu à tous les coins de rues comme une gourmandise authentiquement tchèque, il serait en réalité roumain ou hongrois. Quoi qu’il en soit, ce serpentin de pâte briochée cuit à la broche, (très) (trop) généreusement saupoudré de sucre à la cannelle et servi tiède fait des ravages, certains intrépides n’hésitant pas à le consommer fourré d’une boule de glace (de la glace dans de la pâte chaude… tu la vois, la bonne idée ?)
Space jam
Timing de folie quand, en route pour aller voir les deux bâtiments très contrastés du Musée national, nous sommes stoppés au début de l’avenue Václavské par les Prague Masters FIBA 3×3 world tour !
Cheerleaders et musique à fond, nous sommes restés le temps de voir les serbes de Novi Sad dérouiller les tchèques de Humpolec, mais surtout de voir les serbes de Liman défoncer les NY Harlem (sauvés par la pluie, match stoppé)
La playlist du voyage
- One of us, Joan Osborne, cover en live au Pont-on
- Boys don’t cry, The Cure, cover en live et vraiment, vraiment très fort au Sad man’s tongue
- 2 Unlimited, Get ready for this pour s’ambiancer aux Prague Masters
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[…] Une petite heure de trajet plus tard, nous revoici à Vienne, prêts à repartir pour la dernière étape de notre périple : Prague… […]
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